Ladistinction des diffĂ©rents aspects du fait religieux permet d’isoler les thĂšmes (la fonction politique et la fonction de connaissance de la religion) qui peuvent conduire Ă  justifier

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LHomme peut-il se passer de la religion? 152 J’aime. CommunautĂ©
L’homme possĂšde un pouvoir d’anticipation et d’analyse de son univers surdĂ©veloppĂ© face aux autres animaux du rĂšgne animal. Ceci lui a permis de comprendre la vie et d’en tirer avantage mĂ©decine,technologie,maçonnerie
 cependant certains mystĂšre persistent encore et les tenants et les aboutissants de la crĂ©ation de notre univers en font partis. Plusieurs explications sont apparus et de nombreuses religions furent crĂ©es sur ces interrogations. En effet de tous temps et de toutes les cultures la prĂ©sence d’une religion a toujours existĂ©e. Cependant de plus en plus l’homme abandonne la religion. La religion est elle alors indispensable Ă  l’homme ? est elle une caractĂ©ristique propre a l’humanitĂ© ou un simple ensemble de rite culturel vouĂ© a apaiser la peur d’un inconnus inexplicable nourris il y a des siĂšcle par le faible dĂ©veloppement scientifique ? Pour y rĂ©pondre nous Ă©tudierons dans un premier temps l’implantation de la religion au sein de la morale commune avant de nous demander si l’athĂ©isme et la science ne sont pas de nouvelles formes de religions. Avant de dĂ©velloper cette partie il est nĂ©cessaire de rappeler ce qu’est une religion. ne religion est un ensemble de rites, croyances gĂ©nĂ©ralement thĂ©istes1, composĂ© de rĂšgles Ă©thiques ou pratiques, de rĂ©cits, de symboles ou de dogmes adoptĂ©s comme conviction par une sociĂ©tĂ©, un groupe ou une personne. de ce fait une grande partie de ce devoir traitera de religions thĂ©istes. Les religions thĂ©istes sont fondĂ©es sur deux piliers l’absence de rĂ©ponse a la raison de notre existence et la croyance en un ĂȘtre supĂ©rieur qui en dĂ©coule. En effet mĂȘme si actuellement nous ne possĂ©dons pas de preuve directe et concrĂšte de l’existence d’un ou plusieurs dieux crĂ©ateur mais nous ne possĂ©dons pas non plus la preuve de son inexistence. De ce fait la rĂ©ponse a la question existe t’il un dieu supĂ©rieur la rĂ©ponse est on ne sais pas mais j’y crois ou non. Et toute la force de la religion tien de ce principe et c’est ce qui est rassurant en croyant qu’on a un but ou bien qu’il y a une vie aprĂšs la mort nous donnons a notre existence un but lĂ©gitime nous somme plus qu’un calcul de proportionnalitĂ© liĂ© a une succession d’évĂšnements improbables. Par ailleurs si il est vrai que les religions nous donnent une raison de vivre elles nous guident aussi dans un ensemble de choix moraux tel ne pas voler ou tuer son prochain en ce sens les religions sont les gardes fou de notre morale. On peu meme supposer que ces meme religions en guidant nos ancĂȘtres pendant des siĂšcles ne sont pas les instigatrices de notre morale actuelle en effet aujourd’hui peu de monde est capable de tuer tu fait d’un blocage morale qui nous incite a penser que c’est MAL bien ; mal dualitĂ© religieuse pourtant un enfant Ă©levĂ© comme un tueur sera un tueur il ne pensera pas que c’est mal. Nous hĂ©ritons donc de la morale de nos ancĂȘtres largement modelĂ©e par un ensemble de dogmes religieux. Il est donc clair que sans religions beaucoup n’aurai plus aucune hĂ©sitation a faire du mal a autrui du fait qu’il n’y aura plus la peur du jugement ultime jugement de dieux les bon vont au paradis les mauvais en enfer par ailleurs la religion comme on l’a vue est fortement implantĂ© dans notre sociĂ©tĂ© et elle a toujours existĂ© d’une maniĂšre ou d’une autre elle a tellement influencĂ© notre morale qu’elle paraĂźt en ce sens indispensable. Pourtant depuis des annĂ©es beaucoup de religions perdent leurs fidĂšles au profit d’une autre paroisse la science. En effet les spectaculaires progrĂšs de celle ci on donnĂ©e l’illusion a beaucoup quelle pouvais ou pourrait tout expliquer en rĂ©futant bien souvent certains Ă©crits sacrĂ© tel la genĂšse, l’homme n’est pas apparus comme tel sur la terre mais il descend du singe. Alors de lĂ  les homme on vue en la science un nouveau messie porteur de vĂ©ritĂ© mais cette maniere de procĂ©dĂ© en donnant un crĂ©dit infinie a la raison humaine sans forcĂ©ment vĂ©rifier nous mĂȘme la vĂ©racitĂ© de ce que l’on raconte n’est il pas une forme implicite de croyance ? c’est par ailleur un des problĂšme que souleve Aldous Huxley dans son livre le meilleur des monde ou la religion a purement Ă©tĂ© suprimĂ© au profit d’une science avide d’un contrĂŽle infini et ou lĂ  population s’abreuve des conseil sans en remettre en question la vĂ©racitĂ©, ils croient que c’est la seul et une raison , l’unique vĂ©ritĂ©. En ce sens on peu dire que la science est une religion. De la nous tombons de caribe en sylla puisque nous abandonons nos ancienne religion au profit d’une nouvelle qui se propose d’etre basĂ©e sur l’experimentation et la preuve thĂ©oricomathĂ©matique mais au final nous croyons en cette nouvelle religion sans pour autant etre certain de sa vĂ©racitĂ©e. En conclusion l’homme ne peu se passer de religions car celles ci lui donne un but de vie ainsi que des elements permetant de le rassurer dans sa vie il n’a plus l’impression d’etre seul ou d’etre une erreur mathĂ©matique, il n’a plus peur que la mort soit une fin en sois. Il y aura toujour quelquechose en lequel il croira pour le guider, le rassurer, et rĂ©pondre a ses interrogation les plus inaccessibles.

De2011 Ă  2013, Marc Anglaret – alors IATICE de philosophie de l’acadĂ©mie de Montpellier – avait constituĂ© puis mis Ă  jour un recueil classifiant l’intĂ©gralitĂ© des sujets de dissertation donnĂ©s au baccalaurĂ©at ou prĂ©vus pour les sessions de remplacement depuis 1996.

L’effarante multiplicitĂ© des grands courants religieux ou philosophiques dont nous venons de donner seulement un aperçu fait penser, Ă  juste titre, que l’homme est bien incapable de voir clair dans ses rapports avec extraordinaire fouillis pourrait paraĂźtre comme un dĂ©courageant tableau des phantasmes religieux de l’humanitĂ©. On serait ainsi conduit Ă  l’indiffĂ©rence ou, pire, au on ne peut voir clairement la nature des relations entre Dieu et les hommes si l’on s’en tient Ă  l’observation des diffĂ©rences entre les religions. Il nous semble, cependant, qu’à travers ce qui est, en fait, tĂątonnement et incertitude, il se dĂ©gage un tableau aux contours assez nets de la personnalitĂ© spirituelle de l’ chercher Ă  tout prix des convergences lĂ  oĂč elles n’existent peut- ĂȘtre pas, il est intĂ©ressant de montrer comment les grandes religions rĂ©pondent aux questions fondamentales et comment elles conçoivent leur propre approche par thĂšmes permettra au lecteur de mieux apprĂ©cier le rĂŽle des diffĂ©rentes religions dans l’accomplissement de la destinĂ©e humaine, ce qui est, en dĂ©finitive, l’objet de ce croyants de toutes les religions, peut-ĂȘtre Ă  quelques minimes exceptions prĂšs, s’accordent au moins sur de grandes gĂ©nĂ©ralitĂ©s – il existe une puissance suprĂȘme ;– l’homme en est plus ou moins directement dĂ©pendant ;-cette situation implique un comportement de l’homme dont l’objectif final est une certaine forme de contenu de ces affirmations varie de façon quasi continue d’une religion Ă  une autre mais l’essentiel les conclusions que tirent les croyants de leurs convictions varient considĂ©rablement selon la religion elle-mĂȘme, mais surtout selon les caractĂ©ristiques psychologiques de chaque individu et son niveau d’ ne faut donc pas s’étonner de l’extrĂȘme diversitĂ© des comportements spirituels comparĂ©e Ă  une certaine unanimitĂ© sur le plan des affirmation va de soi pour les religions qui reconnaissent un Dieu une, par nature pas aussi clair dans les religions comme les religions tradition- ;s ou l’hindouisme oĂč coexistent de nombreuses divinitĂ©s. Souvent ;pendant, celles-ci sont considĂ©rĂ©es comme des dieux intermĂ©diaires » e les hommes et une puissance suprĂȘme, trop lointaine pour ĂȘtre sensible. C’est la situation que l’on rencontre dans la plupart des religions traditionnelles africains – celle des Yoroubas par exemple – et c’est le cas de l’hindouisme oĂč les dieux sont, directement ou indirecte- it, des Ă©manations d’un absolu inaccessible. Tout se passe comme si religions limitaient leur ambition – peut-ĂȘtre par modestie, peut-ĂȘtre te de rĂ©vĂ©lation – Ă  adorer ce qui leur semble le plus proche dans les ni festations l’opposĂ©, d’autres courants, spirituels, notamment parmi les boudd- tes et les confucianistes, ne voient pas la nĂ©cessitĂ© de formaliser l’existence d’un Être suprĂȘme. Leur position est dite agnostique. Dans ce cas »si on peut penser qu’une certaine pudeur retient d’appeler Dieu cet solution sous-jacent dans l’idĂ©al qu’enseignent ces mouvements. Le sens mmun dĂ©signe d’ailleurs par le nom de religion ces spiritualitĂ©s qui ont pourtant pas la prĂ©tention de relier l’homme Ă  Dieu, mais seulement de l’élever vers un dieu soit nommĂ© ou non, toutes les religions » dont nous avons tendent vers un absolu suprĂȘme. Cependant, si chacun s’accorde Ă  jnner Ă  ce dieu » des attributs trĂšs gĂ©nĂ©raux de puissance crĂ©atrice et Ă©ternitĂ©, on peut s’en faire, sur des points moins fondamentaux, des les divergentes. Certains lui prĂȘtent des sentiments humains, d’autres jugent inaccessible. Il peut avoir fixĂ© notre destin ou nous laisser une art de libertĂ©. Il peut, ou non, ĂȘtre touchĂ© par nos que nous pouvons en penser ne change pas sa nature, mais nos hypothĂšses doivent rester cohĂ©rentes avec ce que nous observons et nous levons nous conformer aux relations de dĂ©pendance que nous imaginons ĂȘtre lui et dĂ©pend de Dieu Il est facile d’oublier que nous dĂ©pendons de celui qui a créé l’univers nais inĂ©luctablement la mort viendra un jour nous rappeler que nous ne disposons pas totalement de notre que d’adopter la politique de l’autruche – s’enfoncer la tĂȘte dans le sable pour ne pas voir la rĂ©alitĂ© – les religions proposent que nous vivions en regardant en face la perspective de la que soit l’hypothĂšse proposĂ©e – cycle indĂ©fini de rĂ©incarnations, anĂ©antissement dans le nirvana, Jugement dernier et vie Ă©ternelle – lesreligions ne se contentent pas de la vie terrestre et ne cantonnent pas Dieu dans le rĂŽle d’un spectateur indiffĂ©rent Ă  nos dĂ©pendance de l’homme vis-Ă -vis de Dieu, dans la perspective des religions, ne tient pas au simple fait de notre crĂ©ation nos actions et nos pensĂ©es ne sont pas neutres pour Dieu ; notre attitude doit se conformer Ă  des rĂšgles Ă©tablies par lui et dont la religion se considĂšre comme dĂ©positaire. Comme on ne peut imaginer Dieu qu’infiniment puissant et intelligent, il est plus satisfaisant pour l’esprit, semble-t-il, de lui attribuer la capacitĂ© et le souci de s’intĂ©resser Ă  nous que de le croire limitĂ© au point de ne pas le faire. Cependant le lien de dĂ©pendance de l’homme Ă  Dieu n’est pas perçu de façon identique par toutes les religions traditionnelles imaginent que des puissances surnaturelles, Ă©manation de Dieu, interviennent frĂ©quemment dans les affaires terrestres. Ainsi, le divin est prĂ©sent dans tous les phĂ©nomĂšnes naturels et l’incapacitĂ© de l’homme Ă  les maĂźtriser doit ĂȘtre compensĂ©e par des priĂšres et des offrandes Ă  tous ces dieux intermĂ©diaires. Dans cette perspective, les rapports avec les dieux sont le plus souvent empreints de crainte et de l’hindouisme, la conscience du croyant de dĂ©pendre des dieux est toujours trĂšs vive mais la rĂšgle laisse une grande part de responsabilitĂ©. Siles actes sont en conformitĂ© avec la situation sociale, la vie ultĂ©rieure se dĂ©roulera dans de meilleures conditions. Ainsi, aprĂšs des rĂ©incarnations successives de plus en plus favorables, l’esprit pourra espĂ©rer s’unir Ă  l’Esprit l’Islam et le judaĂŻsme, la relation de l’homme Ă  Dieu est trĂšs personnalisĂ©e chaque homme a le devoir d’obĂ©ir Ă  son Dieu car, aprĂšs la mort, il sera jugĂ© sur ses le christianisme, la relation de l’homme Ă  Dieu n’est pas dominĂ©e par l’obĂ©issance. C’est un lien d’amour amour total de la part de Dieu, amour Ă  sa mesure de la part de l’homme. L’obĂ©issance aux lois de Dieu n’est plus imposĂ©e autoritairement mais elle est davantage une adhĂ©sion volontaire fondĂ©e sur cette relation d’amour et de diffĂ©rences de conceptions de la dĂ©pendance de l’homme Ă  l’égard de Dieu sont Ă©videmment schĂ©matiques mais on comprend mieux, en forçant les traits, comment se diversifient plus encore, Ă  partir de ces conceptions, les comportements de l’homme en face de comportement de l’homme en face de DieuLes religions se placent dans l’hypothĂšse oĂč Dieu attend de l’homme un comportement conforme Ă  ses plans. Mais il est clair que Dieu n’emploie pas la maniĂšre forte nous avons manifestement la libertĂ© d’ignorer les lois divines ou de ne pas les suivre. Nous ne sommes d’ailleurs pas bien sĂ»rs de les religions, elles, sont en gĂ©nĂ©ral trĂšs convaincues qu’elles connaissent ces lois mais elles ne peuvent nier notre part de libertĂ© et elles nous mettent vigoureusement en garde contre les consĂ©quences d’actes qui enfreindraient ces le souci louable de nous Ă©viter des expĂ©riences douloureuses, les religions proposent leurs recettes qui tournent autour de quelques thĂšmes – le respect d’une morale ;– la priĂšre ;– l’accomplissement de rites qui constituent la partie la plus visible des recommandation rencontrent chez les diffĂ©rents individus un terrain plus ou moins favorable et une comprĂ©hension plus ou moins les religions ont le souci de bien faire et la plupart des hommes ont sans doute besoin d’ĂȘtre guidĂ©s, mais la question se pose naturellement de savoir si la religion est un intermĂ©diaire entre Dieu et les leur comportement, on peut distinguer – Ceux qui rĂ©cusent toute relation avec Dieu, qu’ils en nient l’existence ou qu’ils le combattent. Bien souvent ces personnes pratiquent une morale qui n’est pas trĂšs Ă©loignĂ©e de celle proposĂ©e par les religions.– Ceux qui adhĂšrent Ă  l’idĂ©e intellectuelle de l’existence d’un dieu mais n’en tirent pas de consĂ©quences particuliĂšres. Non seulement ces personnes pratiquent une morale mais aussi il leur arrive de prier, mĂȘme si c’est Ă  de rares occasions et dans l’intimitĂ© de leur cƓur.– Ceux qui associent leur croyance en Dieu Ă  leur appartenance Ă  une religion. Ceux-ci s’efforcent, en principe, de respecter une morale, de prier et d’accomplir les rites de leur si l’on tente d’analyser le comportement de l’homme dans ses rapports avec Dieu, on est amenĂ© Ă  distinguer diffĂ©rents niveaux – celui de la vie spirituelle personnelle, intime et discrĂšte ;– celui de l’expression sociale de la vie spirituelle, c’est-Ă -dire les manifestations de pratique religieuses proprement dites culte, pĂšlerinages, fĂȘtes religieuses
 mais aussi l’organisation des religions clergĂ©, formation religieuse
 ;– celui du comportement social tel qu’il est conditionnĂ© par les croyances religieuses. Ceci concerne la morale, les grands moments de la vie mariage, mort
, l’art, les rapports avec l’argent, rĂ©flexion conduira naturellement Ă  examiner ultĂ©rieurement les rapports de la religion et de la politique, la politique religieuse des États, et, pour finir, l’évolution prĂ©visible des Views 238
Seloncette loi, l'avortement de la grossesse n'est pas punissable si les conditions suivantes sont rĂ©unies : l'avortement est demandĂ© par la femme, la poursuite de la grossesse provoquera un grand danger pour la santĂ© physique ou mentale de la femme, la femme a consultĂ© un mĂ©decin et l'avortement est provoquĂ© dans les 90 jours de grossesse [99]. Dans la pratique, les mĂ©decins Apparemment, les rapports entre religion et politique ne sont ni nĂ©cessaires ni souhaitables. Que l’homme dĂ©veloppe sa vie spirituelle semble une activitĂ© sans lien Ă©vident avec l’art de gĂ©rer la citĂ©. Les partisans d’une certaine laĂŻcitĂ© se satisferaient d’une religion confinĂ©e dans les temples ou dans les consciences qui laisserait le champ entiĂšrement libre Ă  la vie politique. Dans la pratique cependant, les choses ne sont pas aussi simples et partout, Ă  des degrĂ©s divers, on constate que la religion se mĂȘle de politique tandis que la politique se mĂȘle de religion. Constatons d’abord que la politique est toujours la rĂ©sultante d’une lutte de pouvoirs le vainqueur sort des urnes en dĂ©mocratie, il s’impose par la ruse ou la force dans les autres rĂ©gimes. Or, la religion dispose incontestablement d’un pouvoir qui, bien que spirituel, peut mobiliser les hommes comme toute autre idĂ©ologie. Avant d’illustrer par des exemples pris dans divers pays la complexitĂ© des rapports entre religion et politique, nous nous efforcerons d’analyser en quoi consiste le pouvoir religieux et comment il peut coopĂ©rer ou s’affronter avec le pouvoir civil. Sommaire 1 Le pouvoir religieux 2 ThĂ©ocratie, athĂ©isme ou laĂŻcitĂ© 3 La laĂŻcitĂ© en Turquie Le pouvoir religieux Aussi loin que l’on remonte dans le temps, on trouve toujours quelque sorcier ou quelque guĂ©risseur dont le pouvoir contrebalance celui du souverain le plus absolu. La peur des forces obscures de l’au-delĂ  hante es despotes comme les autres hommes et celui qui dit maĂźtriser le suraturel est considĂ©rĂ© avec crainte et respect. Un pouvoir absolu ne se conçoit pas sans une alliance des pouvoirs temporel et surnaturel. Aussi longtemps qu’ils l’ont pu, les rois se sont Ă©clatĂ©s eux-mĂȘmes dieux, ou investis par un dieu ou protĂ©gĂ©s par les dieux. L’idĂ©al est d’ĂȘtre Ă  la fois roi et grand prĂȘtre. C’est ce qu’était le pharaon et c’est un peu ce qu’a voulu ĂȘtre Henri VIII quand il crĂ©a l’Egligl anglicane. C’est aussi la tendance thĂ©ocratique d’un rĂ©gime comme celui instituĂ© en Iran par l’imam Khomeiny. La tendance totalitaire des nĂŠvi communistes oĂč la seule idĂ©ologie admise Ă©tait celle de l’Etat ne procĂšde pas d’une autre conception. Souvent cependant le pouvoir n’est pas assez crĂ©dible pour paraĂźtre de nature divine ou assez fort pour dĂ©tenir sans conteste la vĂ©ritĂ© idĂ©ologie que. Le pouvoir temporel reste alors extĂ©rieur au pouvoir religieux et il peut chercher Ă  l’écraser, Ă  l’étouffer, Ă  l’acheter, Ă  le compromettre, Ă  le dĂ©considĂ©rer ou Ă  le marginaliser. Cette attitude procĂšde, pour une bonne part, de l’analyse selon laquelle le pouvoir religieux est entre les mains de chefs auxquels obĂ©issent des troupes. Cette analogie avec un pouvoir militaire est bien souvent erronĂ©e et l’Histoire montre que les chefs religieux rĂ©cupĂ©rĂ©s par le pouvoir politique perdent rapidement toute influence sur les croyants. En rĂ©alitĂ©, le pouvoir religieux est une expression ambiguĂ« il y a deux sortes de pouvoir religieux, l’un s’apparente au pouvoir matĂ©riel, c’est celui qu’exerce une autoritĂ© sur des sujets ». C’est un pouvoir clĂ©rical, c’est-Ă -dire que des prĂȘtres, s’appuyant sur le respect portĂ© Ă  leur fonction, exercent sur leurs fidĂšles une autoritĂ© dans des domaines Ă©tendus de la vie publique. L’autre pouvoir religieux, gĂ©nĂ©ralement incompris du pouÂŹvoir politique, est de nature spirituelle. Etrangement, il n’a guĂšre besoin de chefs pour s’exercer. Ce pouvoir insaisissable est celui que donne Ă  la foule des croyants une communautĂ© de sensibilitĂ© et de foi. L’arme de ce pouvoir est la priĂšre. Les croyants sont en effet persuadĂ©s que la priĂšre est efficace et qu’elle l’est d’autant plus qu’ils font un effort personnel pour mieux se conformer Ă  ce que Dieu attend d’eux. Le jeĂ»ne et le renoncement Ă  certaines satisfactions superficielles s’associent frĂ©quemment Ă  une priĂšre fervente. La dĂ©marche commune de reprĂ©sentants de diverses religions participant Ă  une priĂšre pour la paix, Ă  Assise en octobre 1986, relĂšve de cette croyance dans un pouvoir purement spirituel. Les sceptiques peuvent ĂȘtre tentĂ©s de sourire devant ce qu’ils considĂšrent comme une touchante naĂŻvetĂ©, mais, puisque les dĂ©marches rationnelles en vue de la paix sont des Ă©checs, pourquoi faudrait-il dĂ©courager les croyants d’agir selon leur conscience ? Cependant la priĂšre est parfois mise Ă  toutes les sauces et l’Histoire a frĂ©quemment donnĂ© le spectacle de deux armĂ©es invoquant le mĂȘme Dieu avant de s’étriper en contradiction formelle avec le message dudit . Il est bien difficile, dans ces conditions, de prouver que la priĂšre est efficace. pourtant, la certitude que les priĂšres sont parfois exaucĂ©es se traduit r une multitude d’exvoto placĂ©s par les fidĂšles dans les lieux de pĂšlerinage» l’érection de calvaires dans les campagnes ou de sanctuaires dans les grandes villes la basilique du SacrĂ©-CƓur Ă  Montmartre commĂ©more l’arrĂȘt des Allemands devant Paris en 1870 et Notre-Dame de FourviĂšre Ă  Lyon, la fin de diverses Ă©pidĂ©mies jugulĂ©es par la Vierge. Ces monuments donnent une bonne image de la force constructive des croyances religieuses qui les ont Ă©rigĂ©es. De nos jours, le pouvoir spirituel se mobilise surtout pour dĂ©fendre des droits. Pour vivre normalement, les religions ont en effet besoin, comme les individus, d’exercer certaines libertĂ©s fondamentales qu’elles cherchent Ă  faire reconnaĂźtre par le pouvoir politique. La situation varie considĂ©rablement selon le type de rĂ©gime politique instituĂ©. ThĂ©ocratie, athĂ©isme ou laĂŻcitĂ© A l’une de ces trois formules se rattachent toutes les diffĂ©rentes formes de rapport entre un gouvernement et les religions. Dans les rĂ©gimes thĂ©ocratiques2, le gouvernement fonde son autoritĂ© sur une religion, ce qui place ceux qui ont d’autres croyances dans une situation dĂ©favorisĂ©e. Cette forme de gouvernement est l’idĂ©al auquel aspirent explicitement les musulmans le Coran pose les principes de la vie civile comme ceux de la vie religieuse et la sociĂ©tĂ© ne peut ĂȘtre parfaite qu’en suivant scrupuleusement le Coran. De ce point de vue, on comprend les musulmans fondamentalistes qui regrettent l’époque oĂč un calife dirigeait l’ensemble du monde musulman3. Cependant, bien des gouvernements de pays musulmans aussi diffĂ©rents que l’Arabie Saoudite ou l’Iran appliquent exclusivement la loi islamique de la chari’a. Qu’il s’agisse de rĂ©publiques ou de royaumes, ces pays sont, au sens large, thĂ©ocratiques. Parmi les pays de culture bouddhiste, seul le Bhoutan impose encore sa religion Ă  ses sujets ; plus prĂ©cisĂ©ment, il y est interdit de propager une autre religion que le bouddhisme. Le christianisme, quant Ă  lui, a longtemps eu la tentation d’établir le rĂšgne de Dieu sur terre. L’amour du prochain impliquait de ne pas e laisser dans l’erreur et les souverains trouvaient salutaire d’imposer leur religion Ă  leurs peuples. L’oppression des minoritĂ©s religieuses et une consĂ©quence quasi inĂ©vitable de la thĂ©ocratie ou de l’existence d’une religion officielle l’expulsion des juifs d’Espagne aprĂšs la Reconquista, la rĂ©vocation de l’Edit de Nantes par Louis XIV, la persĂ©cution des bahaĂŻs par la rĂ©publique islamique d’Iran en sont quelques exemples. Parfois la thĂ©ocratie s’efforce de prĂ©senter un visage de tolĂ©rance en accordant un statut particulier aux minoritĂ©s religieuses. C’est ce que l’Islam prĂ©voit pour les gens du Livre », chrĂ©tiens, juifs ou zoroastriens sous le nom de dhimma. Il s’agit cependant d’un statut accordĂ© et non nĂ©gociĂ© avec les intĂ©ressĂ©s. Les rĂ©gimes athĂ©es reposent sur le mĂȘme principe que les rĂ©gimes thĂ©ocratiques, en ce sens qu’ils s’efforcent d’imposer leur idĂ©ologie Ă  tous les citoyens. Dans les rĂ©gimes marxistes durs, la libertĂ© de croyance est garantie par la constitution, car aucune technique ne permet encore de contrĂŽler les opinions intimes, en revanche, il n’est pas permis de rĂ©pandre les croyances religieuses. Seule est licite la propagande antireligieuse. L’objectif dĂ©clarĂ© des rĂ©gimes athĂ©es est l’éradication dĂ©finitive de toute religion considĂ©rĂ©e comme une sorte d’insuffisance cĂ©rĂ©brale qu’une Ă©ducation adaptĂ©e devra guĂ©rir un jour. Depuis l’implosion de l’ et du rĂ©gime marxiste albanais, seule la CorĂ©e du Nord est encore strictement athĂ©e. La laĂŻcitĂ© est l’alternative Ă  la contrainte qu’impose presque fatalement la thĂ©ocratie ou l’athĂ©isme. Elle consiste, en principe, Ă  ce que l’Etat n’interfĂšre aucunement dans la vie religieuse ou spirituelle de ses citoyens, quelles que soient leurs convictions. DĂ©crĂ©ter la laĂŻcitĂ© de l’Etat ne rĂšgle pas tous les problĂšmes. Diverses interprĂ©tations de son contenu sont possibles comme en tĂ©moigne, par exemple, la question de l’école libre en France pour certains, l’Etat, responsable de l’Education nationale, met Ă  la disposition des citoyens une Ă©cole laĂŻque, c’est-Ă -dire oĂč l’on ne prend parti pour aucune religion. L’école est gratuite et obligatoire. L’Etat fait donc preuve de tolĂ©rance en admettant qu’existent d’autres Ă©coles mais il est hors de question de les subventionner. Pour les partisans de l’école libre, religieuse ou non, il n’est pas juste que les parents paient deux fois l’école de leurs enfants, une fois par leurs impĂŽts qui financent l’école publique et une autre fois pour l’école qui leur convient. Si l’école libre n’existait pas, l’Etat devrait crĂ©er d’autres Ă©tablissements et recruter d’autres maĂźtres et il est normal que les parents qui prĂ©fĂšrent une autre Ă©cole que l’école publique bĂ©nĂ©ficient de la quote-part d’économies qu’ils font ainsi faire Ă  l’Etat. A l’analyse, ce problĂšme français de l’école libre ne met pas en cause le principe mĂȘme de la laĂŻcitĂ© mais il est plutĂŽt un terrain d’affrontement quoique entre les partisans d’un monopole d’Etat et ceux d’un libĂ©ralisme ouvert Ă  la concurrence des idĂ©es. Cet exemple montre que la notion de laĂŻcitĂ© n’est pas si simple Ă  dĂ©finir ou Ă  appliquer. En France, elle reste teintĂ©e par la lutte acharnĂ©e que se sont longtemps livrĂ©e rĂ©publicains et royalistes, rouges et calotins. Certains laĂŻcs doctrinaires français continuent Ă  combattre les croyants comme s’ils Ă©taient encore une menace pour la rĂ©publique. Au nom de cette conception de la laĂŻcitĂ©, aucune formation religieuse n’est prĂ©vue dans les programmes de l’école publique française. Pourtant un Etat moderne a tout intĂ©rĂȘt Ă  donner une formation spirituelle Ă  ses citoyens plutĂŽt que de laisser ceux qui s’y intĂ©ressent chercher leur voie au travers de sectes douteuses. Les conflits de jadis sont aujourd’hui dĂ©passĂ©s et il faut rechercher l’épanouissement du citoyen grĂące Ă  une formation qui prend en compte tous ses besoins. A l’opposĂ© de la conception française de la laĂŻcitĂ©, celle de la Turquie moderne, qui fait l’objet du texte ci-dessous, s’efforce de donner aux citoyens une formation religieuse contrĂŽlĂ©e par l’Etat laĂŻc. Une position intermĂ©diaire peut raisonnablement s’envisager ce n’est pas Ă  l’Etat d’assurer une formation religieuse, mĂȘme dans un esprit laĂŻc, mais l’Etat ne doit pas se dĂ©sintĂ©resser non plus des aspirations spirituelles de ses citoyens. Pourquoi ne pas donner au moins une information sur ce que sont les diffĂ©rentes religions, l’athĂ©isme ou l’indiffĂ©rence religieuse de telle sorte que puisse librement s’orienter la recherche spirituelle des adolescents que cela intĂ©resse ? La laĂŻcitĂ© en Turquie La situation turque au sein du monde musulman est particuliĂšrement originale. La rĂ©volution d’AtatĂŒrk n’a pas fini de produire ses effets et peut-ĂȘtre montrera-t-elle la voie pour l’évolution d’autres pays. Rappelons que Mustafa Kemal AtatĂŒrk 1881-1938 vint au pouvoir en 1920 peu aprĂšs la dĂ©faite de l’Empire ottoman, alliĂ© aux Allemands au cours de la PremiĂšre Guerre mondiale
 AnimĂ© d’un nationalisme ombrageux et fort peu sensible aux prĂ©ceptes du Coran – il est mort d’une cirrhose du foie AtatĂŒrk a voulu en quelques annĂ©es, faire de son pays un Etat moderne de type europĂ©en. Il n’a pas hĂ©sitĂ© Ă  bousculer sa culture sĂ©culaire par des mesures autoritaires remplacement de l’écriture arabe par l’alphabet latin, obligation de s’habiller Ă  l’occidentale constitution d’une rĂ©publique laĂŻque et abolition du califat. En ce qui concerne cette institution fondamentale de l’Islam2, il est curieux de constater quelle la dĂ©cision d’un gĂ©nĂ©ral laĂŻc de la supprimer d’un trait de pluiue n’ait pas provoquĂ© beaucoup de rĂ©actions ni suscitĂ© la naissance d’un califat de remplacement dans un autre pays. En montrant la fragilitĂ© du mythe du califat, AtatĂŒrk prouvait aussi que l’Islam pouvait vivre sans se mĂȘler de politique. L’Islam est en effet bien vivant dans la Turquie contemporaine la population rurale, qui reprĂ©sente prĂšs de la moitiĂ© de ses 70 millions d’habitants, est encore profondĂ©ment pratiquante, de mĂȘme qu’une bonne partie des citaÂŹdins restĂ©s imprĂ©gnĂ©s de culture traditionnelle. Pour rĂ©pondre aux besoins religieux de ses ressortissants, l’Etat laĂŻc turc n’a pas hĂ©sitĂ© Ă  crĂ©er en 1947 une facultĂ© de thĂ©ologie puis un rĂ©seau d’écoles religieuses pour former le personnel des mosquĂ©es, imams et prĂ©dicateurs. Contrairement aux Ă©coles coraniques des autres pays musulmans, ces Ă©coles suivent le programme profane normal auquel s’ajoutent une formation coranique et l’enseignement de l’arabe. Ces imam ve hatip okullan comptent 250 000 Ă©lĂšves, ce qui permettra que les futurs cadres religieux ne soient pas coupĂ©s de la rĂ©alitĂ© du monde moderne et qu’ils ne soient pas hostiles Ă  l’Etat. L’objectif de l’Etat laĂŻc de contrĂŽler la religion se traduit de plus en plus par l’introduction d’un enseignement religieux officiel minimum dans toutes les Ă©coles publiques. Cette Ă©volution ne soulĂšve pas de difficultĂ©s excessives dans un pays oĂč la population est musulmane Ă  99 %. Cependant les rares Ă©lĂšves chrĂ©tiens se trouvent placĂ©s dans une situation dĂ©licate, car ils sont souvent obligĂ©s d’assister Ă  des cours religieux contre leurs convictions. Le respect de celles-ci dĂ©pend entiĂšrement de la volontĂ© et de l’ouverture d’esprit de leurs professeurs, ce qui est Ă©videmment alĂ©atoire. Constatant que la thĂ©ocratie dessĂšche et dĂ©voie les religions tandis que l’athĂ©isme les Ă©touffe et favorise ainsi les sectes obscurantistes, on en vient Ă  penser que la laĂŻcitĂ© est la condition nĂ©cessaire au progrĂšs des religions. Il s’agit Ă©videmment d’une laĂŻcitĂ© moderne et dĂ©complexĂ©e et non d’une laĂŻcitĂ© dĂ©libĂ©rĂ©ment antireligieuse. Pourtant seule une laĂŻcitĂ© tolĂ©rante serait en mesure d’apporter la dĂ©crispation des esprits . Post Views 707
etque le but pour nous c'est de la dĂ©truire et de dĂ©truire ce qui est autour. Alors on ne peut pas dire vivre. - Les animaux ils vivent normalement dans la nature, avec les moyens seulement de la nature. Eh ben I'homme il survit, parce qu'il est constamment en danger. Et toujours, toujours, tou- jours. Il ne s'en rend peut-ĂȘtre pas compte
Dieu est mort, proclame Nietzsche. Mais le big crash causé par cette disparition n'a pas fini de faire sentir son effet de souffle. Et, faute d'avoir retrouvé le cadavre, certains peuvent crier à la disparition momentanée. Pourtant, le certificat de décÚs n'est guÚre nécessaire. Sauf à confondre les nouveaux relents identitaires avec un "retour du religieux", ou à donner une importance démesurée à de petites sphÚres fondamentalistes - plutÎt rares de ce cÎté-ci de l'Atlantique -, Dieu n'habite plus le monde des Européens depuis un moment. Renvoyé à l'état de poussiÚre céleste ou simplement rangé aux abonnés absents. La chose a été largement diagnostiquée désenchantement du monde, sortie de la religion, sécularisation... [...]La suite aprÚs la publicité Seulement, ce célÚbre disparu, qu'on le nomme "Dieu le PÚre" chez les chrétiens, "l'imprononçable" dans le judaïsme ou Allah dans l'islam qui connaßt 99 appellations mais pas de pluriel, n'en reste pas moins étonnamment présent dans nos esprits. Comme une ombre géante, une persistance rétinienne, un fantÎme insistant. Et il ne suffit pas de se proclamer athée pour avoir à jamais liquidé le récurrent problÚme. [...] >> Retrouver l'intégralité du dossier "Peut-on se passer de Dieu ? ", avec un entretien exclusif de l'écrivain Emmanuel CarrÚre qui raconte sa "crise de foi", dans "le Nouvel Observateur" en kiosque jeudi 21 août. Eric Aeshiman et Marie Lemonnier- "Le Nouvel Observateur"
Bergson"La religion est une réaction défensive de la nature contre la représentation, par l'intelligence, de l'inévitabilité de la mort". Donc, l'homme a besoin d'avoir une religion pour se sentir protéger du mystÚre de la mort, de mettre des mots sur cette inéluctable mort (afin d'avoir moins peur). B) L'humanisation par la religion
Texte intĂ©gral 1- L'homme, image de Dieu 1La conception de l'homme en tant qu'image de Dieu caractĂ©rise l'Ɠuvre de Comenius. L'homme a Ă©tĂ© fait Ă  l'image de celui qui est depuis le commencement », affirme-t-il dĂšs la dĂ©dicace de La grande didactique par. 2. C'est de cette notion qu'il tire les principales caractĂ©ristiques qui constituent l'homme dans son humanitĂ© et les diffĂ©rentes directions dans lesquelles l'Ă©ducation devra dĂ©velopper l'enfant. 1 GenĂšse, I, 26 et 27 ; trad. Bible de JĂ©rusalem. 2 Tresmontant C., Les origines de la philosophie chrĂ©tienne. coll. Je sais, je crois, no 11, p. 97 3 Ibid., p. 98. 4 Ibid, p. 100. 5 Ibid., p. 99. 6 La sainte Bible, trad. en français, sous la direction de l'Ecole biblique de JĂ©rusalem ; Paris, 19 ... 7 Saint Thomas, Somme thĂ©ologique, Ia, art. 4 ; trad. A. Patfoort, o. p. Ed. du Cerf, p. 96-97. 2Cette expression, on le sait, est tirĂ©e de la Bible Faisons l'homme Ă  notre image, comme notre ressemblance. 
 Dieu crĂ©a l'homme Ă  son image »1. Claude Tresmontant nous explique comment il faut comprendre cette affirmation Les thĂ©ologiens qui ont composĂ© ce texte se sont opposĂ©s expressĂ©ment aux mythes Ă©gyptiens et assyro-babylomiens qui enseignaient la consubstantialitĂ© de l'Ăąme Ă  la divinitĂ©. L'homme n'est pas créé avec la substance de Dieu
 »2. Dans son sens positif cette expression affirme que l'homme n'est pas une crĂ©ature comme une autre ; 
 il n'est pas un vivant comme un autre. 
 Il est appelĂ© Ă  une destination proprement surnaturelle, c'est-Ă -dire qu'il est appelĂ© 
 Ă  devenir participant de la nature mĂȘme de Dieu »3, il a la capacitĂ© de s'ouvrir Ă  une dimension surnaturelle »4. Cette destinĂ©e proprement surnaturelle de l'homme comporte certaines implications et prĂ©suposĂ©s mĂ©taphysiques »5 notamment la raison et la libertĂ©. De mĂȘme la Bible de JĂ©rusalem prĂ©cise Ce rapport Ă  Dieu sĂ©pare l'Homme des animaux. Il suppose de plus une similitude gĂ©nĂ©rale de nature intelligence, volontĂ©, puissance »6. Pour saint Thomas, c'est en vertu de sa nature intellectuelle que l'homme est dit Ă  l'image de Dieu » ; par consĂ©quent le trait par lequel la nature intellectuelle imite Dieu le plus Ă©troitement, c'est celui par lequel Dieu se connaĂźt et s'aime lui-mĂȘme. L'image de Dieu dans l'homme pourra donc se vĂ©rifier 
 d'abord en ce que l'homme a une aptitude naturelle Ă  connaĂźtre et Ă  aimer Dieu »7. 8 La pampĂ©die, II, 23 ; trad. Unesco. 9 Ibid III, 27 ; trad. Unesco. 3Comenius a fait siennes ces idĂ©es et elles lui serviront de guide dans le programme qu'il fera de l'Ă©ducation religieuse. Parce qu'il est son image, Dieu aime l'homme plus qu'il n'aime toute autre crĂ©ature ; l'homme, dira notre thĂ©ologien, est l'objet de la dilection de Dieu »', pour lui cette expression est synonyme de celle d'image de Dieu. et IV. 2. A son tour, l'homme ne trouve aucune crĂ©ature qu'il puisse considĂ©rer comme son Ă©gal, et il ne pourra trouver de satisfaction qu'en Dieu. Tous ses dĂ©sirs doivent donc ĂȘtre tournĂ©s vers Dieu comme vers leur source ibid. V, 18. Car Dieu est le but ultime de toutes choses, vers qui tend tout ce qui est visible et invisible ; 
 il est la source vive de tout ce qu'il y a de bon »8, la source de vie d'oĂč partent les autres sources de tout ce qui nous rĂ©jouit » Pans. prod. 34. Comenius constate mĂȘme que si les arts extĂ©rieurs et la science procurent Ă  l'esprit un dĂ©lassement agrĂ©able, ils ne le rassasient pas »9. Trop peu d'hommes ont mis leur fin en Dieu ; par contre, trop d'hommes se recherchent eux-mĂȘmes et ne poursuivent que leur succĂšs et leur propre gloire. Agissant ainsi, ils aboutissent Ă  une impasse. C'est pour cela que l'on voit tant d'iniquitĂ©s sur la terre Pans. prod. 33, 34. Pour couronner le tout, Dieu appelle l'homme Ă  vivre avec lui durant toute l'Ă©ternitĂ©, Ă  partager sa vie Te enim mihi destinati aeternitatis consortem » 3 ; cf aussi II, 9. 10 L'Ă©cole de la petite enfance, IV, 5 ; trad. PrĂ©vot. 4C'est donc tout le sens de la vie de l'homme qui est concernĂ© par cette ressemblance avec Dieu. Les rapports de l'homme avec Dieu en sont profondĂ©ment marquĂ©s ; non seulement ce ne sont pas des rapports de conflit, ni mĂȘme de purs rapports de serviteur Ă  maĂźtre, mais des rapports de confiance et d'amour. L'homme est conviĂ© Ă  faire briller en lui, selon sa mesure d'ĂȘtre fini, les qualitĂ©s que Dieu possĂšde dans leur perfection. La religion n'est rien d'autre que cette attitude qui consiste Ă  se tourner vers Dieu comme vers sa source ; de toute façon Dieu attire l'homme parce que chacun aime ce qui lui ressemble 18 et s. La religion est le respect intĂ©rieur qui met en relation l'homme avec la divinitĂ© » ibid. IV, 6. Ce n'est pas que notre auteur soit thĂ©iste ; il croit fermement au Christ RĂ©dempteur, il a un credo et il pratique un culte. Mais, pour lui, l'appartenance Ă  telle ou Ă  telle Ă©glise est secondaire par rapport Ă  cette attitude qui, elle, est fondamentale. Voici d'ailleurs comment il dĂ©finit la piĂ©tĂ© La piĂ©tĂ© vraie et salutaire consiste en trois points 1-notre cƓur respecte Dieu toujours et en tout lieu et Le recherche dans toutes ses actions ; 2-notre cƓur dĂ©couvre les traces de la Divine Providence et suit partout Dieu avec crainte, amour et respect ; 3-partout il se souvient de Dieu, converse avec Lui, se joint Ă  Lui et parvient Ă  la paix et Ă  la consolation »10. 11 De utilitate accuratae Rerum
, in pars IIΙ, 5Quels sont les traits particuliers que l'homme devra dĂ©velopper pour ressembler Ă  Dieu ?. Au dĂ©but de son Ɠuvre, dans La grande didactique surtout, l'auteur pense avec saint Thomas que l'homme ressemble le plus Ă  Dieu par sa nature intellectuelle Dieu, ayant créé l'homme Ă  son image, il l'a dotĂ© d'un esprit MENS » 3 ; et encore Il a plu Ă  Dieu de crĂ©er des ĂȘtres Ă  son image c'est-Ă -dire raisonnables et capables de participer Ă  sa sagesse et Ă  son immortalitĂ© » Via lucis, L'Homme doit donc chercher Ă  acquĂ©rir beaucoup de connaissances Le fait que l'homme naĂźt capable d'acquĂ©rir des connaissances est Ă©vident puisque, en premier lieu, il est l'image de Dieu. Or, une image, pour ĂȘtre exacte, doit nĂ©cessairement reproduire les traits du modĂšle, autrement ce n'est plus une image. Et comme parmi les autres attributs de Dieu, c'est l'omniscience qui domine, elle doit nĂ©cessairement se reflĂ©ter de quelque façon dans l'homme » V, 4. Le pĂ©dagogue mettra cette omniscience en relief chaque fois qu'il aura besoin de stimuler un public Ă  l'Ă©tude. Ainsi il Ă©crit La nature humaine a Ă©tĂ© faite de telle sorte qu'elle est devenue l'image de l'unique Sagesse, c'est-Ă -dire de l'Omniscience de Dieu. Si tu t'Ă©cartes volontairement et sciemment de cette ressemblance, tu t'Ă©loignes du plan de Dieu »11. 12 La pampĂ©die, IX ; in Cons. II, col 121. 13 Ibid., IIΙ, 14 ; trad. Unesco ; cf. aussi Panegersie, in Cons. I, col. 30. 14 Ibid., III, 20 ; trad. Unesco. 6Mais Comenius Ă©tend aussi cette ressemblance Ă  d'autres traits surtout Ă  ceux qui sont les marques caractĂ©ristiques de la nature humaine et que nous analyserons dans un autre chapitre L'homme vraiment formĂ© est celui qui, comme une vĂ©ritable image de Dieu saisit tout grĂące Ă  la Raison, exprime tout par la parole, rĂ©alise tout grĂące Ă  son activitĂ©, du moins autant que cela est possible Ă  une crĂ©ature limitĂ©e »12. Il Ă©crit encore Les propriĂ©tĂ©s les plus marquantes de Dieu sont 1° l'omniscience, 2° l'omnipotence, 3° la saintetĂ© universelle, 4° l'indĂ©pendance souveraine ; par consĂ©quent, il est sĂ»r que l'homme, qui se distingue nettement par la sagesse, l'habiletĂ©, la saintetĂ© et qui aprĂšs Dieu est indĂ©pendant, est une vĂ©ritable image de Dieu et la vĂ©ritable gloire de son CrĂ©ateur »13. Parfois il insiste, selon les besoins, sur ce dernier trait et il Ă©crit Comme le dĂ©sir de l'activitĂ© libre est insĂ©parable de la nature humaine, image de Dieu
 » X, 37 ou bien encore Il importe beaucoup que les hommes apprennent Ă  librement choisir, Ă  leur grĂ©, les choses parfaitement comprises, et Ă  en disposer librement ; de maniĂšre que nulle part l'image de Dieu ne soit altĂ©rĂ©e dans l'homme, et surtout pas lĂ  oĂč cette image est la plus ressemblante, dans la libertĂ© du choix »14. 15 1er EpĂźtre de saint Jean, IV, 8. 7Les perfections divines sont infinies. Pour les besoins pratiques il est normal qu'un Ă©crivain insiste sur tel ou tel aspect de ces perfections. On peut cependant faire remarquer qu'un attribut fondamental n'est jamais mentionnĂ© Dieu est amour » ; cette phrase de saint Jean15 rĂ©sume tout le message du christianisme. Mais cette omission n'est pas une particularitĂ© propre Ă  Comenius. Les Ă©poques, comme les individus, ont des valeurs auxquelles ils sont plus sensibles qu'Ă  d'autres. 16 La panegersie, V, 9 ; in Cons. I, col. 37. 17 Ibid. IV, 14 ; in Cons. I, col. 30. 8Le fait que c'est l'homme seul qui a Ă©tĂ© créé Ă  l'image de Dieu lui donne une place Ă©minente parmi toutes les autres crĂ©atures. Dieu l'a Ă©tabli maĂźtre et seigneur de toute la crĂ©ation IV. L'humanitĂ© est douĂ©e de raison et elle porte en elle des germes de moralitĂ©, dignitĂ©s qui sont des privilĂšges qui l'Ă©lĂšvent au-dessus des animaux et le rendent semblables Ă  Dieu »16. Quand il exaltait la supĂ©rioritĂ© des animaux, Montaigne oubliait cette qualitĂ© d'image de Dieu. Pas plus que d'autres, Comenius n'ignorait les mĂ©chancetĂ©s ou les turpitudes dont l'humanitĂ© est capable ; cependant il continuait Ă  rĂ©pĂ©ter l'homme est la premiĂšre de toutes les crĂ©atures visibles parce qu'il a Ă©tĂ© créé Ă  l'image de Dieu »17. Il est allĂ© jusqu'Ă  Ă©crire cette phrase qui doit paraĂźtre peu orthodoxe Ă  beaucoup, Ă  savoir que l'homme ne doit reconnaĂźtre comme supĂ©rieur Ă  lui que Dieu seul quant aux anges, qui sont Ă©galement des serviteurs de Dieu, l'homme doit les considĂ©rer comme des Ă©gaux ! IV, 4. 9Les belles paroles de Comenius sur la piĂ©tĂ© ne sont pas de simples clichĂ©s. Il semble bien avoir puisĂ© en Dieu une force morale qui lui a permis de supporter beaucoup d'Ă©preuves sans perdre ni son Ă©quilibre ni son dynamisme. Ainsi il a perdu successivement deux femmes ; la premiĂšre est morte au cours d'une Ă©pidĂ©mie avec ses deux enfants ; le pauvre homme faillit en perdre la raison. Aucun raisonnement ne pouvait le consoler, ni mĂȘme les considĂ©rations intellectuelles basĂ©es sur la foi. Seule une certaine union Ă  Dieu et au Christ souffrant lui a apportĂ© la consolation et la joie ». Aussi, en parlant de Dieu aprĂšs cette Ă©preuve il dira qu'il est le roc de sa vie », une tour forte ». 18 Cf Denis E., La fin de l'indĂ©pendance bohĂȘme, t. I et II, Paris, 1930. 19 Vita gyrus. in pars IV, 10Si durs qu'aient Ă©tĂ© ses malheurs personnels, le sort rĂ©servĂ© Ă  son pays l'a affectĂ© encore davantage, selon ses propres paroles. On sait le triste sort rĂ©servĂ© Ă  la BohĂȘme aprĂšs la dĂ©faite de la Montagne Blanche, en 1620, et les souffrances injustes qui en ont rĂ©sultĂ©18. Le pire, pour lui, a Ă©tĂ© de craindre, un peu plus tard, que c'en Ă©tait fini de l'Eglise dont il Ă©tait l'Ă©vĂȘque. Durant l'incendie de Leszno, en 1656, il a perdu non seulement ses livres, mais encore ses manuscrits, dont certains reprĂ©sentaient 40 annĂ©es de patientes recherches
 A cette occasion il a dit qu'il avait tout perdu exceptĂ© cet unique qui, Ă  lui seul, est tout »19. 20 Heyberger A., Jean Amos Comenius, Paris, 1928, p. 217. 21 Ibid., 11Comme il avait des responsabilitĂ©s publiques, il ne suffisait pas qu'il surmonte sa douleur et retrouve son calme. Il devait, en outre, avoir assez de dynamisme pour soutenir les autres. C'est ce qu'il a fait Ă  plusieurs reprises. Il a mĂȘme composĂ©, Ă  l'intention de ses ouailles ou de ses compatriotes, des ouvrages dits de "consolation", comme Centrum securitatis et Des affligĂ©s. Dans son union mystique avec l'esprit divin, il puise une Ă©nergie qu'il tĂąche de communiquer aux FrĂšres en exil », dit de lui A. Heyberger20. Pour exprimer cette paix que l'on trouve en Dieu, il a cette image saisissante Ce monde est semblable Ă  une roue que Dieu aurait dĂ©veloppĂ©e par sa toute - puissance. Il en est le centre et ses crĂ©atures, comme des rayons, s'irradient de lui en tous sens. Le centre reste immobile, mais la roue du monde tourne inlassablement. Plus on se trouve prĂšs du centre, moins les agitations sont violentes ; plus on est Ă©loignĂ©, plus fortes sont les secousses »21. 2- La chute, la justification, la grĂące 22 Gusdorf G., La rĂ©volution galilĂ©enne, Paris 1969, t. Π, p. 43. 23 Hildesheimer F., Le jansĂ©nisme. L'histoire et l'hĂ©ritage, Paris, 1992, p. 134. 12On sait que la prĂ©destination Ă©tait un des points nĂ©vralgiques de la pensĂ©e religieuse au xviie siĂšcle »22. Mais l'UnitĂ© remontait Ă  la RĂ©forme tchĂšque, non Ă  Luther et elle ne se posait pas avec angoisse les questions Serai-je sauvĂ© ? Combien y aura-t-il d'Ă©lus ? » qui obsĂ©daient non seulement Luther, mais aussi des hommes comme Ignace de Loyola ou le jeune François de Sales 1567-1622 et bien d'autres encore, puisqu'on a pu Ă©crire que le problĂšme du salut Ă©ternel Ă©tait la vĂ©ritable obsession du siĂšcle classique »23. Les positions de Comenius sur ces thĂšmes se ressentent de son appartenance Ă  une tradition diffĂ©rente. 24 Cf Cons. I, Mundus spiritualis, chap. IV, col 1071. 25 La grande didactique, chap V, sous-titres pour les paragraphes 1 et 2. 13Pour certains thĂ©ologiens la chute d'Adam avait mortellement blessĂ© la nature humaine qui n'Ă©tait plus capable d'aucun bien ; la raison Ă©tait devenue incapable de nous guider, la volontĂ© Ă©tait fatalement inclinĂ©e vers le mal. Comenius, par contre, semble excuser le pauvre homme qui n'avait pas eu l'initiative de la dĂ©sobĂ©issence Ă  Dieu ; il s'est seulement laissĂ© sĂ©duire. Si bien que Dieu a Ă©tĂ© plus misĂ©ricordieux avec lui qu'avec les anges rĂ©voltĂ©s, et la corruption de l'homme, quoique rĂ©elle, n'est qu' accidentelle »24. Il en ressort cette consĂ©quence capitale que les choses peuvent ĂȘtre remises dans leur Ă©tat premier qui Ă©tait boa Il est plus naturel Ă  l'homme et plus facile Ă  la grĂące de Dieu d'acquĂ©rir la sagesse et de devenir vertueux et saint plutĂŽt que d'en ĂȘtre empĂȘchĂ© par une dĂ©pravation accidentelle, car il est facile Ă  une chose de retrouver sa nature premiĂšre » DM. V, 25. Or, la nature humaine Ă©tait bonne Ă  l'origine » et nous devons y ĂȘtre ramenĂ©s par la puissance de la Providence qui relĂšve ce qui est tombĂ© »25. La phrase suivante exprime l'attitude personnelle de Comenius Ă  propos de la chute. Est-ce que Dieu n'a pas envoyĂ© son Fils pour rĂ©tablir dans son Ă©tat primitif ce qui Ă©tait tombĂ© ? » DM. V, 22. 26 V, 23 ; cf. aussi Pans. prod. 15. 14Il illustre cette conviction par l'image suivante considĂ©rons, dit-il, une horloge ou un instrument de musique qui ont Ă©tĂ© fabriquĂ©s par un artisan habile. Si l'horloge se gĂąte ou si l'instrument est dĂ©saccordĂ©, on ne les considĂšre pas immĂ©diatement comme Ă©tant hors d'usage, car on sait qu'on peut les rĂ©parer. Il en est de mĂȘme pour l'homme mĂȘme s'il a Ă©tĂ© corrompu par la chute, il faut tenir pour certain qu'avec la puissance de Dieu et en utilisant des moyens appropriĂ©s, on peut le rĂ©tablir dans son harmonie primitive DM. V, 17. Le cas de Nabuchodonosor confirme cette vue optimiste ibid. V, 22. Comenius ne comprend pas la position opposĂ©e pessimiste Il est honteux et impie, et en outre cela relĂšve de l'ingratitude, de toujours parler de notre corruption et de passer sous silence la RĂ©demption ! Pourquoi toujours s'excuser sur le vieil Adam ! C'est Ă  bon droit que l'apĂŽtre dit en son nom et au nom de tous ceux qui ont Ă©tĂ© rĂ©gĂ©nĂ©rĂ©s Je puis tout en Celui qui me rend fort, le Christ. » Philippiens, IV, 1326. 15Comenius ne se pose pas la question de savoir Ă  qui Dieu rĂ©serve sa grĂące ; il ne voit en Dieu que gĂ©nĂ©rositĂ© Ah, gardons-nous de mettre des limites Ă  la grĂące de Dieu qu'il est prĂȘt Ă  rĂ©pandre en nous avec sa plus grande largesse ! » V, 24. Quant Ă  se demander si la grĂące est efficace ou suffisante, etc. c'est seulement soulever des questions inutiles ». 27 La pampĂ©die, chap. X ; V classe in finem. 16Dans un passage de La pampĂ©die il y a quelques lignes sur la prĂ©destination ; mais ce n'est qu'un maigre canevas pour un dĂ©veloppement Ă©ventuel. C'est dire le peu d'intĂ©rĂȘt que l'auteur portait Ă  la question, alors qu'en France les dĂ©bats sur la grĂące efficace faisaient rage, non seulement parmi les thĂ©ologiens, mais mĂȘme dans les salons et les collĂšges - jusqu'Ă  provoquer des bagarres ; on trouve des Ă©chos de ces dĂ©bats dans les arts et la littĂ©rature. MalgrĂ© la briĂšvetĂ© de ce passage il est clair que l'orientation gĂ©nĂ©rale ne va pas dans le sens de la rigueur calviniste ou jansĂ©niste. L'auteur, par exemple, pose la question Comment peux-tu espĂ©rer tenir bon devant le tribunal de Dieu ? » et il rĂ©pond GrĂące Ă  l'intervention de JĂ©sus-Christ qui plaidera pour moi » - Est-ce que cette dĂ©fense sera efficace ? - Oui ! PremiĂšrement il ne s'est pas arrogĂ© lui-mĂȘme cette fonction, mais elle lui a Ă©tĂ© attribuĂ©e par le PĂšre. HĂ©breux, V, 5. 
 En troisiĂšme lieu, parce que le sacrifice que le Christ a offert pour la rĂ©conciliation des pĂ©cheurs suffit pour tous les pĂ©chĂ©s du monde ». Et l'auteur se rĂ©fĂšre Ă  la 1Ăšre EpĂźtre de saint Jean II, 2. qui dit ceci Il est lui-mĂȘme expiation pour nos pĂ©chĂ©s, non seulement pour les nĂŽtres, mais pour ceux du monde entier »27. 28 Cons. I, col. 1052. 29 Ibid., col. 580 4 et col. 978. 30 Ibid., col. 1130. 31 Ibid., col. 1130. 17Dans les discussions sur la grĂące, la libertĂ© tient une place centrale. Luther, Calvin, Jansenius niaient le libre arbitre ; l'Eglise catholique, au contraire, le posait comme nĂ©cessaire. Comenius aussi Sans la libertĂ©, la ressemblance avec Dieu ne serait pas parfaite »28. Il la conçoit comme totale et contrairement, notamment Ă  Calvin, il Ă©crit Elle la libertĂ© est si essentielle Ă  la nature humaine que personne ne peut forcer l'homme Ă  vouloir ce qu'il ne veut pas, pas mĂȘme les anges ou les dĂ©mons et mĂȘme pas Dieu lui mĂȘme ». L'homme a Ă©tĂ© gratifiĂ© d'une telle libertĂ© par le CrĂ©ateur, qu'elle ne peut plus lui ĂȘtre enlevĂ©e. VoilĂ  pourquoi Dieu lui-mĂȘme n'y touche pas »29. Les rapports entre Dieu et l'homme ne sont pas des rapports de conflit ou de force. Comenius ne se demande pas comment l'homme misĂ©rable pourrait tenir tĂȘte au Tout-puissant, ni comment celui-ci serait obligĂ© de renoncer devant la rĂ©sistance de l'homme. L'homme choisit Dieu qui est le but ultime de sa vie, mais il peut se tromper sur son choix et prĂ©fĂ©rer des biens apparents Ă  Dieu. Dieu, d'autre part, ne veut ĂȘtre honorĂ© que par des hommages libres. Il propose, il ne force pas Deus invites non trahit - Dieu ne nous attire pas malgrĂ© nous »30. Il Ă©chappe ainsi au piĂšge terrible dans lequel tombaient ceux qui niaient le libre arbitre et qui se sentaient obligĂ©s de dire que les damnĂ©s l'Ă©taient justement quoique la grĂące leur ait manquĂ©. Π affirme encore C'est une chose sĂ»re que l'homme ne peut rien sans Dieu, et que Dieu ne veut pas malgrĂ© l'homme. - Certum est Hominem sine Deo non posse ; Deum sine homine nolle »31. 32 La pampĂ©die, II, 19 ; trad. Unesco. 18Cette position est conforme Ă  l'orthodoxie catholique, mĂȘme si l'auteur ne recherchait pas cette conformitĂ©. Ce qui est le plus Ă©vident, c'est que Comenius ne creuse pas les problĂšmes thĂ©ologiques relatifs Ă  la grĂące. Π tient ces discussions pour inutiles. Ce qui est bien dans la tradition de l'UnitĂ©. Il se contente d'affirmer avec force quelques vĂ©ritĂ©s fondamentales Dieu donne sa grĂące avec gĂ©nĂ©rositĂ© et libĂ©ralitĂ© Ă  tous les hommes s'opposant ainsi Ă  la rigueur calviniste ou jansĂ©niste ; il faut croire Ă  l'efficacitĂ© de la RĂ©demption opĂ©rĂ©e par le Christ. Ces vues thĂ©oriques lui servent de fondement pour justifier la possibilitĂ© et la nĂ©cessitĂ© de l'Ă©ducation afin de construire l'image de Dieu dans tous les hommes. Si on lui objecte Nous sommes corrompus », il rĂ©pond Oui, mais aussi renouvelĂ©s par le nouvel Adam. On nous enjoint de renouveler ce qui a Ă©tĂ© corrompu, de labourer le champ en friche et de ne pas semer dans les ronces Es. IV, 3 ; c'est Ă  cela que tend l'Ă©ducation dans toute son Ă©tendue »32. 19Si les dĂ©tails de ces questions thĂ©oriques n'intĂ©ressent pas notre auteur, il y a une chose qui l'intĂ©resse au plus haut point c'est justement ce caractĂšre d'universalitĂ© Dieu veut sauver tous les hommes, il faut assurer l'Ă©ducation Ă  tous, parce qu'ils sont tous faits Ă©galement Ă  l'image de Dieu. 3- L'image de Dieu chez tous les hommes 33 IX, 1 et sous-titres des paragraphes 1 et 2 ; cf aussi La pampĂ©die, I, 6 et 11. 20L'image de Dieu est dĂ©posĂ©e en chacun des hommes. Chaque homme jouit par consĂ©quent de la mĂȘme dignitĂ© et est appelĂ© Ă  la mĂȘme vocation. Comenius insiste sur ces idĂ©es dĂšs le dĂ©but de son Ɠuvre. Ce ne sont pas seulement les enfants des riches et des gens importants qu'il faut admettre dans les Ă©coles, mais tous les enfants, Ă  Ă©galitĂ©, ceux des riches et ceux des pauvres, ceux des nobles et ceux des roturiers, les garçons et les filles, qu'ils habitent des villes, des villages ou des hameaux. 
 Car c'est en tous que l'image de Dieu doit ĂȘtre restaurĂ©e »33. Cette Ă©numĂ©ration n'est pas exhaustive ; nous verrons plus loin d'autres catĂ©gories que l'auteur inclut expressĂ©ment dans ce TOUS. L'ardeur religieuse qui le porte Ă  faire briller en lui l'image de Dieu, le porte avec la mĂȘme force Ă  la faire briller Ă©galement en chaque homme sans en excepter personne Tous les hommes en naissant ont la mĂȘme destinĂ©e devenir vraiment homme, c'est-Ă -dire un ĂȘtre raisonnable, le maĂźtre des crĂ©atures et une fidĂšle image de son crĂ©ateur 
 Si donc nous admettons Ă  l'Ă©ducation quelques-uns seulement en excluant d'autres, nous commettons une injustice, non seulement envers ceux qui participent Ă  cette nature, mais envers Dieu lui-mĂȘme qui veut ĂȘtre reconnu, aimĂ© et louĂ© par tous ceux en qui Il a imprimĂ© son image » IX, 2. 34 Cf. Gravissimum educationis momentum §67. 21Cette position rĂ©vĂšle une exigence d'universalitĂ© absolument extraordinaire qui n'Ă©tait guĂšre partagĂ©e par ses contemporains. L'extension de l'Ă©ducation Ă  tous les enfants ne sera rĂ©alisĂ©e dans la pratique que deux ou trois siĂšcles aprĂšs Comenius. En plein xxe siĂšcle, d'ailleurs des instances religieuses ou politiques ont repris les mĂȘmes dĂ©clarations, ce qui prouve que l'Ă©ducation pour tous n'Ă©tait pas encore une pratique universelle. Toute personne a droit Ă  l'Ă©ducation », dit la DĂ©claration universelle des droits de l'homme. Une rĂ©solution du parlement europĂ©en adoptĂ©e le 14 Mars 1984 proclame Tous les enfants et les adolescents ont droit Ă  l'Ă©ducation et Ă  l'instruction 
 sans discrimination de sexe, de race, de convictions philosophiques ou religieuses, de nationalitĂ© ou de condition sociale ou Ă©conomique ». Vingt ans plus tĂŽt Vatican II avait tenu le mĂȘme langage34. 22Passons maitenant en revue les groupes sociaux ou les catĂ©gories de personnes qui, selon Comenius, ne doivent pas ĂȘtre exclus de l'Ă©ducation. 35 Ce passage a Ă©tĂ© traduit trĂšs tendancieusement par Piobetta de la façon suivante Pareillement ... 23Les Sujets C'est tout d'abord le peuple des travailleurs manuels, serfs y compris Pour qu'ils apprennent Ă  obĂ©ir intelligemment » Ă  des maĂźtres qui, Ă  leur tour, doivent avoir appris Ă  commander sagement », car en vĂ©ritĂ© les crĂ©atures raisonnables doivent ĂȘtre guidĂ©es non Ă  grand renfort de cris, de cachots ou de coups de bĂąton, mais avec des procĂ©dĂ©s raisonnables. Si on agissait autrement, l'affront retomberait sur Dieu qui a imprimĂ© en eux aussi son image, et les affaires humaines seraient pleines de violence et de troubles » VI, 935. 36 Via lucis, XIV, 16,18. 37 La pampĂ©die, II, 1 ; trad. Unesco. 24Ce passage peut soulever des polĂ©miques. Certains, voulant ignorer le contexte historique, ont reprochĂ© Ă  Comenius d'ignorer la rĂ©volution sociale. C'est un fait qu'il est d'avis que chacun reste Ă  la place qui est la sienne36. En fait, le problĂšme d'une Ă©ducation pour tous est bien plus complexe. Pour beaucoup, la culture n'est qu'un moyen de promotion sociale. DĂšs qu'on a un diplĂŽme, on juge certains travaux, les travaux manuels surtout, au-dessous de sa dignitĂ©. Le problĂšme se posait mĂȘme au xviie siĂšcle. Les collĂšges d'alors ne prĂ©paraient guĂšre qu'aux carriĂšres libĂ©rales et dĂ©tournaient de la pratique des mĂ©tiers. Aussi les Etats gĂ©nĂ©raux de 1614 et Richelieu s'opposaient Ă  l'extension des collĂšges. On faisait la mĂȘme objection Ă  Comenius Fais attention ! Tu vas ĂȘtre la risĂ©e de tout le monde. Tu verras la confusion de tous les Ă©tats ! Qui restera fidĂšle Ă  sa charrue ? etc. etc. »37. 38 Via lucis, XIV, 16. 39 Ibid., XIV, 16. 40 DM. XXIX, 7 ; trad. Piobetta. 25Mais notre philosophe comprend les choses autrement. Le travail manuel est inĂ©vitable, il le sait on le pratiquait dans l'UnitĂ©. Mais il n'est pas mĂ©prisable mĂȘme les prĂȘtres de cette Eglise y Ă©taient astreints. Aussi il ne veut pas que l'Ă©cole enlĂšve aux jeunes le goĂ»t de ces travaux ; il dĂ©clare expressĂ©ment qu'il ne dĂ©sire pas que les artisans, les paysans et les femmes se consacrent entiĂšrement aux livres »38. Mais il dĂ©sire que ceux qui se livrent Ă  ces travaux conservent, ce faisant, toute leur dignitĂ© humaine. Aussi, non seulement il exclut les mauvais traitements comme nous venons de le lire, mais il dĂ©sire encore que chacun soit prĂ©parĂ© Ă  sa profession »39, et que les jeunes soient instruits de tout ce qui pourra leur ĂȘtre utile durant toute leur vie » DM. XXIX, 6. Il souhaite encore que ceux qui s'engagent dans l'agriculture, le commerce ou les mĂ©tiers ne rencontrent rien qui soit complĂštement nouveau et dont ils n'aient eu un avant-goĂ»t. 
 Ainsi chacun fera l'expĂ©rience qu'il est apte Ă  tout comprendre, Ă  tout exĂ©cuter et Ă  tout juger le plus correctement possible »40. 41 Via lucis, XIV, 17. 26RĂ©ussir cela, c'est transformer complĂštement le monde du travail et la sociĂ©tĂ© tout entiĂšre. Comenius s'en rend compte, mĂȘme s'il n'envisage pas les consĂ©quences pratiques qui en dĂ©couleraient. Quand on lui objectait que si tout le monde se mettait Ă  Ă©tudier, Ă  juger les affaires de l'Ă©tat et de l'Église, cela ne ferait que provoquer la confusion, il rĂ©pondait Ce serait un misĂ©rable Ă©tat ou une misĂ©rable Ă©glise si leur tranquillitĂ© ne dĂ©pendait que de l'ignorance et de l'esclavage des sujets. La vraie religion et une bonne organisation civile comme celle que nous souhaitons pour le monde entier tirent leur tranquillitĂ© de la lumiĂšre et non des tĂ©nĂšbres »41. MĂȘme si notre philosophe ne prĂȘche pas la suppression des classes, il souhaite une certaine mobilitĂ© sociale due au mĂ©rite Nous ne savons pas, dit-il, Ă  quoi la divine Providence a destinĂ© celui-ci ou celui-lĂ  ». Il arrive qu'elle appelle Ă  de hautes fonctions des hommes pris parmi les plus pauvres et les plus mĂ©prisĂ©s IX, 3. Mais cela suppose un type d'enseignement nouveau comme celui que l'auteur prĂ©conise pour l'Ă©cole Ă©lĂ©mentaire oĂč l'instruction est donnĂ©e dans la langue maternelle. 42 CitĂ© par CompayrĂ© G. 43 Simon J., RĂ©novation de l'enseignement du français, in La pĂ©dagogie contemporaine, Gabaude et ... 44 Gusdorf G., L'avĂšnement des sciences humaines au siĂšcle des lumiĂšres, Paris, 1973, p. 126. 45 CitĂ© par Gusdorf G„ Dieu, la nature, l'homme au siĂšcle des lumiĂšres, Paris, 1972, p. 178. Citation ... 27RĂ©pandre la culture dans toutes les couches sociales, c'est aller contre des prĂ©jugĂ©s. La culture peut-ĂȘtre considĂ©rĂ©e comme une richesse immatĂ©rielle qui met ceux qui la possĂšdent au-dessus des autres. Alexandre le Grand l'a exprimĂ© sans dĂ©tour. Il Ă©crivait Ă  son maĂźtre Aristote En quoi serons-nous supĂ©rieurs aux autres hommes si les sciences que vous m'avez apprises deviennent communes Ă  tout le monde ? Quant Ă  moi, j'aimerais mieux encore surpasser les hommes par la science que par la puissance »42. Cet Ă©goĂŻsme culturel existe mĂȘme aujourd'hui. On a pu Ă©crire, en effet Sous cette indignation une prĂ©tendue atteinte Ă  la langue française existe la crainte, rĂ©elle celle-lĂ , de voir toutes les couches sociales accĂ©der Ă  une culture et Ă  des modes de pensĂ©e que l'on dĂ©sirait rĂ©server Ă  une Ă©lite »43. Si Comenius est un exemple de la gĂ©nĂ©rositĂ© pour la diffusion de la culture dans toutes les couches sociales, c'est Ă  cause du respect qu'il porte Ă  chacun des hommes en qui est imprimĂ©e l'image de Dieu. On ne constate pas ce respect chez Diderot ou Voltaire qui Ă©taient des conservateurs sans sympathie pour la masse populaire qui leur inspirait parfois des mots trĂšs durs »44. Pour Voltaire, en particulier, le gros du genre humain a Ă©tĂ© et sera trĂšs longtemps insensĂ© et imbĂ©cile »45. Sur ce point, l'Ă©volution historique semble faire Ă©voluer les modes de pensĂ©e et de sentir vers l'idĂ©al proposĂ© par Comenius. 46 DM. IX, 5 ; trad. PrĂ©vot. 28Les femmes. Il en est de mĂȘme pour ce qui concerne les femmes On ne peut donner aucune raison pour exclure le sexe faible j'attire particuliĂšrement votre attention sur ce point du soin des Ă©tudes en langue latine et en langue nationale, car elles sont aussi Ă  l'image de Dieu et ont part Ă©galement Ă  sa grĂące et au royaume Ă©ternel. En vĂ©ritĂ©, elles sont douĂ©es d'une intelligence vive et d'une capacitĂ© de connaissances Ă©gales ou mĂȘme supĂ©rieures aux nĂŽtres. Dieu les appelle comme nous aux plus hautes destinĂ©es rĂ©gner sur des peuples, conseiller les rois ou les princes, exercer la mĂ©decine ou d'autres mĂ©tiers utiles Ă  l'humanitĂ©, remplir la fonction de prophĂšte et critiquer les prĂȘtres et les Ă©vĂȘques. Pourquoi voudrions-nous n'enseigner aux femmes que l'a b c pour les Ă©loigner ensuite des livres ?46 47 Paris, 1978. 29Ce texte est particuliĂšrement Ă©tonnant pour l'Ă©poque oĂč il a Ă©tĂ© Ă©crit Le lecteur français se souvient de la maniĂšre dont MoliĂšre prĂ©sente l'opinion courante sur l'Ă©ducation des femmes. Mais, d'une maniĂšre gĂ©nĂ©rale, l'infĂ©rioritĂ© de la femme passait pour une vĂ©ritĂ© Ă©vidente. Jean Delumeau a longuement Ă©tudiĂ© cette question dans un livre La peur en Occident xive- xviiie siĂšcle47. Rapportons-nous Ă  quelques passages oĂč les auteurs qu'il cite emploient la mĂȘme rĂ©fĂ©rence biblique image de Dieu » que notre philosophe. Nous allons trouver des affirmations diamĂ©tralement opposĂ©es Ă  celle de La grande didactique. 48 Idem., p. 312. 49 Idem., p. 312. 50 Idem., p. 324. 51 Idem., p. 330. 52 Idem., p. 330. 30RĂ©sumant la pensĂ©e de saint Augustin, Delumeau Ă©crit L'homme est donc pleinement image de Dieu, mais non la femme qui ne l'est que par son Ăąme et dont le corps constitue un obstacle permanent Ă  l'exercice de sa raison »48. Gratien, dont le fameux dĂ©cret devint la source officieuse du droit de l'Eglise jusqu'au dĂ©but du xxe siĂšcle a Ă©crit La femme n'a pas Ă©tĂ© faite Ă  l'image de Dieu. » ! MĂȘme saint Thomas Ă©crit que la femme a Ă©tĂ© créée plus imparfaite que l'homme, mĂȘme quant Ă  son Ăąme et qu'elle doit lui obĂ©ir parce que naturellement chez l'homme abonde davantage le discernement et la raison »49. Il ne faut pas croire que cette conception soit propre au Moyen Age. Ainsi les Instructions aux confesseurs de saint Charles BorromĂ©e que l'Église post-tridentine réédita inlassablement plusieurs siĂšcles durant » diffusent le dogme de la fonciĂšre inĂ©galitĂ© de la femme »50. La grande didactique Ă©tait dĂ©jĂ  rĂ©digĂ©e quand Le Bret, conseiller d'Ă©tat, a Ă©crit en 1632 que la nature a créé la femme imparfaite, faible et dĂ©bile, tant du corps que de l'esprit »51. Delumeau prĂ©cise que ce ne sont pas des textes de quelques extrĂ©mistes, mais que la culture dirigeante europĂ©enne a produit des quantitĂ©s de textes semblables de l'Espagne Ă  la Russie et du Moyen Age au xixe siĂšcle »52. 53 La pampĂ©die, II, 30 ; trad. Unesco. 54 CalĂČ G. trad. italienne de La grande didactique, p. 34 31Les handicapĂ©s. Comenius Ă©tend l'instruction Ă  ceux que nous appelons aujourd'hui des handicapĂ©s les aveugles, les sourds et les dĂ©ficients ceux qui souffrent d'une insuffisance d'organes »53. G. CalĂČ fait observer que ce n'est pas un mince mĂ©rite pour Comenius d'ĂȘtre le prĂ©curseur convaincu et explicite de la nĂ©cessitĂ©, de la possibilitĂ© et de l'utilitĂ© sociale de l'Ă©ducation des dĂ©ficients », vu que ceux-ci ont dĂ» attendre le xixe siĂšcle pour acquĂ©rir des droits aux yeux des savants et pour devenir objet de recherche et d'attention pratique »54. 55 La pampĂ©die, II, 11 ; trad. Unesco. 32Les barbares. Comenius retrouve l'image de Dieu dans une autre catĂ©gorie d'ĂȘtres, ceux que l'on appelait alors des barbares » Dieu n'a pas Ă©tabli de diffĂ©rence entre les hommes, du moins pas dans ce qui constitue l'essence humaine ; 
 ils participent tous Ă  l'image de Dieu. Gen. I, 26 »55. 56 Gusdorf G., La rĂ©volution galilĂ©enne, t. II, Paris 1969, p. 196. 57 Idem., L'avĂšnement des sciences humaines au siĂšcle des lumiĂšres, Paris, 1973, p. 288. 58 Onstott K., Mandingo, Paris, 1964, p. 284. 59 Ibid., p. 507. 60 Gusdorf G., La conscience rĂ©volutionnaire - Les idĂ©ologues, Paris, p. 226. 33C'est une affirmation qui nous semble toute naturelle aujourd'hui. Cependant, parmi les premiers explorateurs, certains avaient proposĂ© d'exclure de l'espĂšce humaine les sauvages amĂ©ricains » ; cette proposition fut toutefois contestĂ©e, et les querelles qui s'en suivirent furent tranchĂ©es par la bulle Sublimis Deus » du pape Paul III 9 juin 153756 dans laquelle il dĂ©clare que les Indiens d'AmĂ©rique sont des hommes et doivent ĂȘtre traitĂ©s comme tels »57. Mais une bulle du pape ne change pas les mentalitĂ©s d'un coup de baguette magique et surtout pas celle des opposants au papisme. On connaĂźt celle des propriĂ©taires d'esclaves noirs dont Kyle Onstott se fait l'Ă©cho dans son roman Mandingo. Il fait dire Ă  l'un de ces propriĂ©taires, Maxwell Des nĂ©gros avec des Ăąmes ! 
 Vous croyez vraiment qu'ils ont des Ăąmes ? »58. Pour lui les nĂšgres Ă©taient des brutes sans Ăąme et il fallait qu'ils le restassent »59. Mais des philosophes propriĂ©taires d'esclaves, tel Jefferson lui-mĂȘme, lorsqu'ils invoquaient l'Ă©galitĂ© naturelle des hommes ne pensaient pas que leurs nĂšgres fussent concernĂ©s par cette dĂ©claration »60. 61 Pannuthesia, VII, 8, in Cons. II, col. 744. 62 Cf. par exemple 43. 63 La pampĂ©die, VI, 18 XV. 34Comenius, lui, est capable de faire confiance Ă  ces barbares Qui sait, Ă©crit-il, ce que Dieu rĂ©serve aux Africains, aux AmĂ©ricains et aux autres barbares s'ils sont introduits dans la culture ? », car nulle part dans le monde il ne manque de tĂȘte capable, pourvu que l'Ă©ducation ne manque pas »61. Il manifeste de l'intĂ©rĂȘt pour les langues des Lapons, pour les peuplades de l'AmĂ©rique du Nord, etc62. Il a mĂȘme cette rĂ©action curieuse pour le xviie siĂšcle, mais qui nous est devenue familiĂšre aujourd'hui, de demander que l'on donne aux peuples et Ă  leurs terres le nom qu'ils se donnent eux-mĂȘmes. Pourquoi, demande-t-il, les autres devraient m'appeler Paul alors que je m'appelle Jean ? Pourquoi appellera-t-on Madagascar l'Ile saint Vincent » plutĂŽt que Madagascar ? » De mĂȘme il veut que l'on donne aux chaĂźnes de montagnes ou aux fleuves le nom que les indigĂšnes leur donnent plutĂŽt que le nom de celui qui les a dĂ©couverts ; 64 Pannuthesia, VI, 7, in Cons. II, col. 733. 65 Ibid., V, 4 in Cons. II, col. 723. 66 In Nouvelle Histoire de l'Église, t. 2. Le Moyen Âge, p. 456. 35Sa capacitĂ© d'ouverture Ă  tous les hommes est remarquable Dieu nous aime tous Ă©galement »64. - EuropĂ©ens, Asiatiques, Africains, AmĂ©ricains, les habitants de n'importe quelle Ăźle que ce soit, tous sont un seul peuple de Dieu, provenant du mĂȘme sang ; tous doivent s'aimer Ă©tant tous des ramifications d'un mĂȘme tronc gĂ©nĂ©alogique »65. Cela est d'autant plus remarquable que cette tendance universaliste semble aller contre une tendance de la nature humaine qui incline Ă  haĂŻr la dissemblance raciale et idĂ©ologique » Knowles66. Si bien que pour d'autres auteurs contemporains aussi, une attitude pure de tout racisme serait une conquĂȘte de la conscience morale sur des instincts exclusivistes que la science semble nous expliquer. 67 La pampĂ©die, V, 4. 36Concluons avec l'auteur Il n'y aura aucune difficultĂ© ni aucun obstacle Ă  instruire tous les hommes car chez tous les peuples l'image du sage CrĂ©ateur se reflĂšte 
 dans la raison, l'esprit, la langue, la main, etc »67. 4- S'intĂ©resser Ă  ce monde - ci 37 La fin ultime de l'homme est en dehors de cette vie », proclame le titre du chapitre II de La grande didactique. Le titre du chapitre suivant confirme Cette vie n'est qu'une prĂ©paration Ă  la vie Ă©ternelle. » Tout le reste de l'Ɠuvre de Comenius reste fidĂšle Ă  ces prises de position fondamentales. Mais la vie sur cette terre, elle ne compte pas ? Elle n'a donc aucune valeur ? - C'est ce qu'on a cru pouvoir conclure de ces affirmations, d'autant plus qu'une certaine spiritualitĂ© dite chrĂ©tienne dĂ©niait effectivement toute valeur positive Ă  ce monde dont on ne faisait qu'une vallĂ©e de larmes ». 68 CitĂ© par Gusdorf G., La conscience rĂ©volutionnaire. Les idĂ©ologiques, Paris, p. 158. Rousseau Du ... 69 Warnier P., Marx pour un chrĂ©tien. 70 Urs von Balthasar, Dieu et l'homme aujourd'hui. 71 Clausse A., TraitĂ© des sciences pĂ©dagogiques ; t. 2. Histoire de la pĂ©dagogie, p. 165. 38PrĂ©cisons en quoi consistait cette mentalitĂ©. Rousseau Ă©crivait Le christianisme est une religion purement spirituelle, occupĂ©e uniquement des choses du ciel ; la patrie du chrĂ©tien n'est pas de ce monde. 
 Pourvu qu'il n'ait rien Ă  se reprocher, peu lui importe que tout aille bien ou mal ici-bas »68. Le chrĂ©tien Ă©tait dans ce monde comme en exil » ; il suspectait tout effort des hommes pour exercer leur libertĂ© et transformer la rĂ©alitĂ© sociale. » La spiritualitĂ© Ă©tait fondĂ©e sur le dĂ©tachement 
 et la rĂ©signation devant les malheurs qui survenaient dans la vallĂ©e de larmes »69. Cette mentalitĂ© a Ă©tĂ© longuement dĂ©crite par G. Snyders dans son livre La pĂ©dagogie en France aux xviie et xviiie siĂšcles. Il y est dit par exemple que chez les JĂ©suites du xviie siĂšcle aucun thĂšme n'Ă©tait plus frĂ©quemment repris que celui de la vertu comme mĂ©pris de la terre. » Un thĂ©ologien d'aujourd'hui, Urs von Balthasar fait observer que le chrĂ©tien ne peut plus se considĂ©rer lui-mĂȘme comme un hĂŽte » et un Ă©tranger » descendu d'en haut et venu en ce monde, comme les chrĂ©tiens de jadis le faisaient volontiers encore Ă  la suite des platoniciens »70. Certains auteurs ont qualifiĂ© cette mentalitĂ© de mysticisme » ; et pour eux Comenius est un mystique ». Or, pour le mystique, le monde matĂ©riel est un leurre et les sens sont trompeurs ; la multiplicitĂ© et les vicissitudes terrestres relĂšvent de l'irrĂ©el et de l'illusion »71. Rien n'est plus opposĂ© Ă  la philosophie de Comenius que ce mysticisme »-lĂ . Sa piĂ©tĂ©, loin de lui rendre la terre indiffĂ©rente, la lui rend presque sacrĂ©e, car elle est l'Ɠuvre de Dieu. 72 Via lucis, XIV, 7. 73 La pampĂ©die, ΧΙΠ ; Du choix du mode de vie » ; in Cons. II, col. 210. 39La position de Comenius est claire quoique complexe il faut toujours rechercher Dieu mais, tant qu'on est sur cette terre, ce n'est qu'Ă  travers ses Ɠuvres qu'on le trouve. Il faut servir Dieu ; mais on ne peut le faire qu'en vivant sa vie d'homme. Dieu, invisible en lui-mĂȘme se manifeste par ses Ɠuvres DM. XXIV, 18 ; il faut donc chercher Ă  relever les traces de la divinitĂ© dans toute la crĂ©ation » ibid. XXIV, 3. Notre philosophe va jusqu'Ă  Ă©crire que ceux qui disent que, du point de vue de la foi, ce que l'on dit des crĂ©atures n'a aucune importance pourvu que l'on parle correctement de Dieu, se trompent honteusement. Qu'il soit tenu pour certain, ajoute-t-il, que plus on connaĂźtra la nature avec exactitude et plus resplendira la majestĂ© et la grandeur du CrĂ©ateur72. De mĂȘme, en choisissant sa profession, il faut ĂȘtre toujours prĂȘt Ă  servir les hommes et Dieu. 
 Il ne faut pas penser seulement Ă  soi, mais Ă  toute la sociĂ©tĂ©. Nous ne naissons pas pour nous seuls ». Pratiquer la profession de cette maniĂšre est une voie royale vers le royaume ». Devant Dieu il n'y a aucun mĂ©tier vil ; il n'y en a aucun qui ne puisse nous faire mĂ©riter la couronne du ciel73. 74 Pans. prod. 109. 40C'est avec la mĂȘme complexitĂ© d'inspiration que l'auteur parle de cette vie comme d'une prĂ©paration » Ă  la vie Ă©ternelle. Il y a trois degrĂ©s dans la prĂ©paration Ă  la vie Ă©ternelle se connaĂźtre soi-mĂȘme ainsi que toutes les autres choses ; gĂ©rer les biens de ce monde et tendre vers Dieu ». C'est le titre mĂȘme du chapitre IV de La grande didactique qui suit les deux autres que nous avons citĂ©s au dĂ©but de cette section. Seul est digne de la vie Ă©ternelle, l'homme qui a dĂ©veloppĂ© sa raison et acquis des connaissances sur tout ce qui se trouve sur la terre, l'homme qui a dĂ©veloppĂ© son savoir-faire et ses habiletĂ©s techniques et enfin l'homme qui vĂ©nĂšre Dieu. Ceux qui meurent sans avoir dĂ©veloppĂ© leur humanitĂ© sont comme des avortons pour l'autre vie. L'embryon dans le sein maternel ne forme pas ses organes et ses membres pour la vie qu'il mĂšne alors ; mais il faut qu'au moment de la naissance ils soient tous bien formĂ©s. Heureux celui qui s'est formĂ© de bons membres dans le sein de sa mĂšre ; mille fois plus heureux celui qui quittera cette vie avec une Ăąme bien formĂ©e » DM. III, 6. - Celui-lĂ  est vraiment instruit qui est instruit des choses de l'Ă©ternitĂ© ; mais de telle maniĂšre qu'il sache en mĂȘme temps profiter le plus judicieusement possible de ce qui prĂ©cĂšde, c'est-Ă -dire de la vie prĂ©sente »74. La pensĂ©e d'une vie future n'est invoquĂ©e que pour donner un sens Ă  l'Ă©tape prĂ©sente ; elle ne la dĂ©valorise pas. 75 Ibid., 52. 41Elle la dĂ©valorise d'autant moins que l'homme a Ă©tĂ© Ă©tabli, par Dieu lui-mĂȘme, le gĂ©rant de ce monde-ci, le maĂźtre de toutes les crĂ©atures DM. IV, 2 et 26. A plusieurs reprises notre auteur rappelle la parole de saint Paul Tout est Ă  vous
 » 1. Cor. III, 21-13. C'est un devoir pour l'homme, d'une part de dĂ©velopper sa raison en observant les choses de ce monde et en apprenant Ă  les connaĂźtre, d'autre part d'apprendre Ă  les utiliser au mieux de ses besoins DM. IV, 3-4. Pour cela il faut commencer par faire l'inventaire de toutes les richesses que la terre contient, d'autant plus que l'homme doit connaĂźtre son hĂ©ritage. On sait que ce programme a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ© depuis. Mais en son temps, KomenskĂœ constatait que les hommes ne savaient pas qu'ils Ă©taient les maĂźtres de grandes richesses et le souverain de la crĂ©ation75. 76 La pampĂ©die, Ht, 22 ; ce conseil est rĂ©pĂ©tĂ© en ΙΠ, 42 ; trad. Unesco. 77 Ibid., IIΙ, 11 ; trad. Unesco. 78 Ibid., IIΙ, 42 ; trad. Unesco. 79 Ibid., IV, 6 ; cf aussi XXIV, 24. 42Avec le temps, le bon KomenskĂœ s'enhardit jusqu'Ă  recommander aux gens de s'enrichir ! au lieu de se dĂ©tacher ». Il est dĂ©sirable, Ă©crit-il, que les hommes soient bien Ă  leur aise chacun selon ses besoins ; c'est pourquoi il faut que tous apprennent l'art de s'enrichir »76. D'ailleurs cela correspond, pour notre philosophe, Ă  une tendance naturelle Toute crĂ©ature humaine dĂ©sire, par les instincts les plus intimes de sa nature, 
 7° avoir beaucoup de choses »77. Aussi l'Ă©ducation doit travailler Ă  dĂ©velopper cette tendance. Mais comme il ne faut pas s'attendre que les dons de Dieu nous tombent du ciel », il est nĂ©cessaire aussi d'apprendre aux hommes Ă  travailler78. - Au milieu du xviie siĂšcle, ce n'Ă©tait pas l'opinion gĂ©nĂ©rale ; aussi notre auteur se sent obligĂ© d'insister. Il pourrait arriver mĂȘme aujourd'hui que, sous prĂ©texte de piĂ©tĂ©, certains hommes nĂ©gligent les autres ornements de la vie raisonnable ; il ne faut pas le permettre »79. Mais la mentalitĂ© contre laquelle KomenskĂœ luttait s'est prolongĂ©e jusqu'au xixe siĂšcle. Entre beaucoup d'autres, Louis Veuillot 1813 - 1883, rĂ©dacteur en chef du trĂšs catholique journal L'Univers, Ă©crivait La misĂšre est la loi d'une partie de la sociĂ©tĂ© ; c'est la loi de Dieu Ă  laquelle il faut se soumettre. » ! 80 V, 9 ; trad. Piobetta. 81 Ibid., V, 14 ; trad. Piobetta. 82 Snyders G., La pĂ©dagogie en France aux xviie et xviiie siĂšcles, Paris, 1965, p. 81. 83 Idem, p. 76. 43Comenius ne craint mĂȘme pas d'Ă©crire qu'il faut savoir profiter des saines jouissances que la vie offre, car ce qui se trouve dans ce monde ne s'y trouve pas pour assurer seulement nos besoins, mais aussi pour notre jouissance DM. III, 3. Parlant d'un jardin que le jardinier a travaillĂ© avec ardeur et goĂ»t », il dit Plus grande en est la variĂ©tĂ©, plus agrĂ©able en est la vue, plus suave le plaisir de l'odorat et plus fort le soulagement du cƓur »80. Par opposition, Bossuet aurait dit que la perte de plus d'une Ăąme a commencĂ© par sentir une fleur
. Comenius cĂ©lĂšbre mĂȘme les plaisirs esthĂ©tiques Il n'y a personne qui n'Ă©prouverait pas de plaisir Ă  voir un homme aux belles formes, un cheval Ă©lĂ©gamment campĂ©, une statue superbe et une peinture merveilleuse. 
 Je voudrais aussi savoir qui est-ce qui reste insensible Ă  la musique ? 
 A qui ne plaisent les aliments bien assaisonnĂ©s ? »81. Ces phrases, et bien d'autres cf. X, 10 Ă  13 ont dĂ» faire frĂ©mir plus d'un lecteur du xviie siĂšcle. Ne parlons pas de l'abbĂ© de RancĂ© 1626-1700 ! Mais un religieux engagĂ© dans le monde, le P. de Jouvency, se croyait obligĂ© d'enseigner Ă  ses Ă©lĂšves qu'un saint et savant religieux » est celui Ă  qui la terre semble fade »82. D'une maniĂšre gĂ©nĂ©rale on rĂ©pĂ©tait que la vertu ne faisait qu'un avec le renoncement
 »83. 84 La pampĂ©die, ΙII, 16 ; trad. Unesco. 85 Ibid., IIΙ, 17 ; trad. Unesco. 44L'Ă©vĂȘque de l'UnitĂ© a osĂ© Ă©crire Il faut enseigner aux hommes Ă  aimer la vie ici-bas au point de la dĂ©sirer Ă©ternelle ». Puis il s'est repris, se rendant compte que cela n'a pas besoin d'ĂȘtre enseignĂ©, tellement cela correspond Ă  un instinct fondamental. Cependant il a ajoutĂ© Il faut qu'ils les hommes aiment la vie ici-bas »84. Mais cette vie est conditionnĂ©e par la santĂ© du corps. Aussi le philosophe attache Ă  la santĂ© une grande importance Il est de l'intĂ©rĂȘt de chaque homme de bien veiller Ă  sa santĂ© »85. A cette Ă©poque la mortalitĂ© Ă©tait grande et l'hygiĂšne n'Ă©tait pas encore connue. Aussi le pĂ©dagogue ne craint pas d'Ă©crire dans La grande didactique tout un chapitre sur l'art de prolonger la vie » chap. XV. 86 Lab. schol. Patakini obitorum Coronis, in pars ΠΙ, col. 1046 ; en italique dans le texte. 45L'homme doit prolonger l'activitĂ© crĂ©atrice de Dieu en mettant la terre en valeur. Comenius voit dans cette activitĂ© une collaboration de l'homme avec Dieu. C'est une idĂ©e fondamentale dans sa philosophie. Dans son discours d'adieu prononcĂ© Ă  Sarospatak, par exemple, il disait Ă  ses auditeurs Je viens de vous dire que vous devez attendre ces pleines moissons de la bontĂ© divine et de votre courage. Je mets ensemble ces deux choses, car Dieu lui-mĂȘme souhaite leur coopĂ©ration et il veut qu'elles aillent toujours de pair »86. 87 DĂ©dicace de La grande didactique, 34. 88 Schola pansophica, in pars ΠΙ, col. 57-58. 89 Ibid., in pars ΠΙ, col. 56 20. 90 DĂ©dicace de La grande didactique, 31. 91 Cf. XXXIII, 18, 19 et DĂ©dicace de La grande didactique 30, 31, 33. 46Il insiste sur cette collaboration surtout dans le travail de l'Ă©ducation ; l'homme doit faire croĂźtre les germes que Dieu a dĂ©posĂ©s en lui. Et c'est Dieu qui Ă©veille chez certains hommes le dĂ©sir de travailler Ă  la rĂ©forme des Ă©coles87. Aussi offrir pour les Ă©coles la dĂźme de ses biens, c'est travailler Ă  la gloire de Dieu88. Vouloir le bien il s'agit, ici, de chercher Ă  rĂ©pandre l'instruction, chercher les moyens pour y arriver est la voie royale pour arriver lĂ  oĂč Dieu veut que nous allions »89. Pour exhorter les autoritĂ©s Ă  dĂ©velopper les Ɠuvres d'Ă©ducation, notre auteur emploie, selon le cas, les exhortations ou les objurgations mĂŽmes des prophĂštes Maudit soit celui qui fait mollement le travail de YahvĂ© »90. Il Ă©voque la vocation divine » des maĂźtres, car ils ont Ă©tĂ© appelĂ©s pour planter le ciel et asseoir solidement la terre. IsaĂŻe, Ll, 16. » DM. XXXIII, 12. RĂ©pandre la vĂ©ritĂ© c'est glorifier Dieu », dit-il en reprenant les paroles de GrĂ©goire-le-Grand91. 47Toute la vie de Comenius a Ă©tĂ© un engagement dans l'action Ă©ducative sociale et politique. C'Ă©tait donc tout le contraire de l'indiffĂ©rence mystique ». Son action Ă©ducative sera suffisamment mise en relief au cours de cette Ă©tude. Nous ne parlerons pas, ici, de son engagement religieux et politique ; disons seulement que c'Ă©taient ses prĂ©occupations constantes. L'Ɠuvre de sa vie a Ă©tĂ© le grand ouvrage DĂ©libĂ©ration universelle sur la rĂ©forme des affaires humaines dont le titre seul dit assez l'ambition qui animait notre auteur. 48Comme on l'a constatĂ©, des idĂ©es importantes sont exprimĂ©es par des symboles religieux ou fondĂ©es sur l'autoritĂ© des Ecritures. Dans une sociĂ©tĂ© profondĂ©ment laĂŻcisĂ©e et parfois hostile Ă  la religion, on est portĂ© Ă  leur donner moins d'importance ou mĂȘme Ă  les rejeter catĂ©goriquement. C'est par exemple ce qu'a fait Piobetta dont la traduction française ne donne de La grande didactique qu'un texte tronquĂ©. 92 CitĂ© par Gusdorf G., Les principes de la pensĂ©e au siĂšcle des lumiĂšres, Paris, 1971, p. 350 E. Fa ... 49Cependant il faudrait se rendre compte que l'expression religieuse n'est souvent qu'un revĂȘtement sous lequel on trouve des intuitions profondĂ©ment humaines, donc acceptables par tout le monde. Cela ne se trouve pas seulement chez Comenius. Emile Faguet dit, par exemple, que les divers courants de pensĂ©e du xviie siĂšcle - jansĂ©nisme, thomisme, molinarisme, semi-pĂ©lagianisme, quiĂ©tisme - n'Ă©taient que les formes que prenaient chez ces hommes les idĂ©es fondamentales et les sentiments profonds. 
 Leur pensĂ©e, au lieu de devenir un systĂšme philosophique, prenait comme forme et comme expression une des interprĂ©tations diverses du christianisme qui existaient alors. » Ces formes de pensĂ©e, dit encore Faguet, Ă©taient, pour l'homme qui les adoptait, sa philosophie intime, son tour d'esprit mĂȘme »92. C'est pour cela que les discussions sur la grĂące ont eu un tel impact sur le public, en France. 50Chez notre auteur il semble Ă©vident que l'expression religieuse est seconde par rapport Ă  l'adhĂ©sion Ă  des valeurs qui Ă©taient unanimement acceptĂ©es dans l'UnitĂ© ; il les a intĂ©riorisĂ©es et puis il les a exprimĂ©es et justifiĂ©es dans un langage religieux dans certaines de ses Ɠuvres puisque c'Ă©tait une maniĂšre normale de procĂ©der pour son Ă©poque. Mais dans d'autres Ɠuvres, il justifie les mĂȘmes principes celui de l'Ă©galitĂ© des hommes, par exemple par des arguments purement rationnels. Nous suivrons ce dĂ©veloppement en dĂ©tail dans un autre chapitre Former l'homme - section La nature humaine est une et identique chez tous les hommes. Voici en abrĂ©gĂ© cette justification. Tous les hommes appartiennent Ă  la mĂȘme humanitĂ© parce qu'ils ont les mĂȘmes notions communes, etc. Si on retranche quelque catĂ©gorie Ă  ce tout, on en dĂ©truit l'intĂ©gralitĂ©. VoilĂ  pourquoi il faut Ă©tendre l'instruction Ă  tous les peuples les barbares y compris. 51Ni les arguments religieux ni les arguments rationnels n'ont la puissance de modifier cette adhĂ©sion intime Ă  des valeurs en dĂ©pit de ce que certains croient sinon par une Ă©volution trĂšs lente qui s'Ă©tend parfois sur des siĂšcles. C'est ainsi que, mĂȘme des saints ou des philosophes qui vivaient dans les sociĂ©tĂ©s oĂč l'Ă©galitĂ© n'Ă©tait pas Ă©tendue indistinctement Ă  tous les individus humains refusaient d'Ă©tendre le privilĂšge d'ĂȘtre des images de Dieu Ă  ces individus-lĂ . cf. saint Augustin et saint Thomas, et sur le plan purement philosophique Jefferson. 93 DM. IX, 7 ; trad. de la Bible de JĂ©rusalem. 52Inversement, notre bon Comenius qui accorde tant d'autoritĂ© aux Ecritures, rĂ©cuse celle de l'apĂŽtre Paul quand celui-ci Ă©carte les femmes de l'enseignement et par consĂ©quent de l'instruction. Que personne ne m'objecte, dit-il avec la plus grande assurance, cette sentence de l'ApĂŽtre Je ne permets pas Ă  la femme d'enseigner 1. TimothĂ©e II, 12 »93. Pourquoi le fait-il sinon parce qu'il ne pouvait pas renoncer Ă  une valeur qu'il avait faite profondĂ©ment sienne ? 94 Schimberg A., L'Ă©ducation morale dans les CollĂšges de la Compagnie de JĂ©sus sous l ’ ancien rĂ©gime... 53La maniĂšre dont Comenius conçoit les rapports entre Dieu et l'homme a des consĂ©quences importantes. A son Ă©poque, pour glorifier Dieu on rabaissait l'homme ; on a signalĂ© mĂȘme une tendance Ă  faire de l'anĂ©antissement de l'homme un indispensable hommage Ă  la souverainetĂ© de Dieu » ; on Ă©crasait la libertĂ© de l'homme pour exalter la puissance de Dieu94. On ne voyait pas le danger que reprĂ©sentait cette façon de faire. Lorsque l'homme prendra conscience de sa valeur propre en tant qu'ĂȘtre libre, lorsqu'il se rendra compte que la condition de l'homme sur la terre n'est pas rĂ©glĂ©e par un destin immuable, mais qu'il peut travailler Ă  augmenter son bonheur terrestre, il aura l'impression qu'il ne pourra le faire qu'en se rĂ©voltant contre Dieu. C'est ainsi que le marxisme redonnera de la force au mythe de PromĂ©thĂ©e, comme si le bonheur de l'humanitĂ© ne pouvait ĂȘtre Ă©tabli que par des hĂ©ros qui devraient l'arracher Ă  la jalousie de Zeus. Pour d'autres philosophes, l'homme, pour devenir pleinement maĂźtre de sa destinĂ©e, devait d'abord proclamer la mort de celui qui le maintenait dans la sujĂ©tion. - Pour la religion c'Ă©tait un vrai dĂ©sastre. 54La philosophie de Comenius, si elle avait Ă©tĂ© gĂ©nĂ©ralisĂ©e, aurait permis de l'Ă©viter. Sans doute dans cette philosophie l'homme se trouve en face d'un autre Etre dont il doit accepter la qualitĂ© de crĂ©ateur. Mais il ne se sent pas Ă©crasĂ© par cette prĂ©sence. Au contraire, l'homme a Ă©tĂ© créé libre ; les relations que Dieu Ă©tablit avec lui sont fondĂ©es sur l'amour, le bonheur de l'humanitĂ© est voulu par Dieu ; quand l'homme veut devenir le maĂźtre de l'univers, il entre dans les desseins de Dieu. Dans une telle philosophie il n'y a pas de place pour PromĂ©thĂ©e. Une telle vision du monde, si elle avait Ă©tĂ© plus rĂ©pandue, aurait pu, peut-ĂȘtre, donner un autre cours Ă  l'histoire religieuse en Occident aprĂšs le xviiie siĂšcle. Notes 1 GenĂšse, I, 26 et 27 ; trad. Bible de JĂ©rusalem. 2 Tresmontant C., Les origines de la philosophie chrĂ©tienne. coll. Je sais, je crois, no 11, p. 97. 3 Ibid., p. 98. 4 Ibid, p. 100. 5 Ibid., p. 99. 6 La sainte Bible, trad. en français, sous la direction de l'Ecole biblique de JĂ©rusalem ; Paris, 1961, p. 10, note a. 7 Saint Thomas, Somme thĂ©ologique, Ia, art. 4 ; trad. A. Patfoort, o. p. Ed. du Cerf, p. 96-97. 8 La pampĂ©die, II, 23 ; trad. Unesco. 9 Ibid III, 27 ; trad. Unesco. 10 L'Ă©cole de la petite enfance, IV, 5 ; trad. PrĂ©vot. 11 De utilitate accuratae Rerum
, in pars IIΙ, 12 La pampĂ©die, IX ; in Cons. II, col 121. 13 Ibid., IIΙ, 14 ; trad. Unesco ; cf. aussi Panegersie, in Cons. I, col. 30. 14 Ibid., III, 20 ; trad. Unesco. 15 1er EpĂźtre de saint Jean, IV, 8. 16 La panegersie, V, 9 ; in Cons. I, col. 37. 17 Ibid. IV, 14 ; in Cons. I, col. 30. 18 Cf Denis E., La fin de l'indĂ©pendance bohĂȘme, t. I et II, Paris, 1930. 19 Vita gyrus. in pars IV, 20 Heyberger A., Jean Amos Comenius, Paris, 1928, p. 217. 21 Ibid., 22 Gusdorf G., La rĂ©volution galilĂ©enne, Paris 1969, t. Π, p. 43. 23 Hildesheimer F., Le jansĂ©nisme. L'histoire et l'hĂ©ritage, Paris, 1992, p. 134. 24 Cf Cons. I, Mundus spiritualis, chap. IV, col 1071. 25 La grande didactique, chap V, sous-titres pour les paragraphes 1 et 2. 26 V, 23 ; cf. aussi Pans. prod. 15. 27 La pampĂ©die, chap. X ; V classe in finem. 28 Cons. I, col. 1052. 29 Ibid., col. 580 4 et col. 978. 30 Ibid., col. 1130. 31 Ibid., col. 1130. 32 La pampĂ©die, II, 19 ; trad. Unesco. 33 IX, 1 et sous-titres des paragraphes 1 et 2 ; cf aussi La pampĂ©die, I, 6 et 11. 34 Cf. Gravissimum educationis momentum §67. 35 Ce passage a Ă©tĂ© traduit trĂšs tendancieusement par Piobetta de la façon suivante Pareillement il importe d'Ă©clairer aussi les sujets afin qu'ils sachent se tenir sagement dans leur Ă©tat de sujets Ă  l'Ă©gard de ceux qui les gouvernent avec sagesse. » Il traduit ainsi Parere prudenter » ! - Des traducteurs d'autres langues ont une version pareille Ă  la nĂŽtre. 36 Via lucis, XIV, 16,18. 37 La pampĂ©die, II, 1 ; trad. Unesco. 38 Via lucis, XIV, 16. 39 Ibid., XIV, 16. 40 DM. XXIX, 7 ; trad. Piobetta. 41 Via lucis, XIV, 17. 42 CitĂ© par CompayrĂ© G. 43 Simon J., RĂ©novation de l'enseignement du français, in La pĂ©dagogie contemporaine, Gabaude et colt., 1972. 44 Gusdorf G., L'avĂšnement des sciences humaines au siĂšcle des lumiĂšres, Paris, 1973, p. 126. 45 CitĂ© par Gusdorf G„ Dieu, la nature, l'homme au siĂšcle des lumiĂšres, Paris, 1972, p. 178. Citation extraite de Voltaire, Essai sur les mƓurs - Ɠuvres complĂštes, Ă©d. Dupont, 1823, t. XV. p. 25. 46 DM. IX, 5 ; trad. PrĂ©vot. 47 Paris, 1978. 48 Idem., p. 312. 49 Idem., p. 312. 50 Idem., p. 324. 51 Idem., p. 330. 52 Idem., p. 330. 53 La pampĂ©die, II, 30 ; trad. Unesco. 54 CalĂČ G. trad. italienne de La grande didactique, p. 34 55 La pampĂ©die, II, 11 ; trad. Unesco. 56 Gusdorf G., La rĂ©volution galilĂ©enne, t. II, Paris 1969, p. 196. 57 Idem., L'avĂšnement des sciences humaines au siĂšcle des lumiĂšres, Paris, 1973, p. 288. 58 Onstott K., Mandingo, Paris, 1964, p. 284. 59 Ibid., p. 507. 60 Gusdorf G., La conscience rĂ©volutionnaire - Les idĂ©ologues, Paris, p. 226. 61 Pannuthesia, VII, 8, in Cons. II, col. 744. 62 Cf. par exemple 43. 63 La pampĂ©die, VI, 18 XV. 64 Pannuthesia, VI, 7, in Cons. II, col. 733. 65 Ibid., V, 4 in Cons. II, col. 723. 66 In Nouvelle Histoire de l'Église, t. 2. Le Moyen Âge, p. 456. 67 La pampĂ©die, V, 4. 68 CitĂ© par Gusdorf G., La conscience rĂ©volutionnaire. Les idĂ©ologiques, Paris, p. 158. Rousseau Du contrat social 1762 livre IV, chap. VIII. PlĂ©iade t. III, p. 465. 69 Warnier P., Marx pour un chrĂ©tien. 70 Urs von Balthasar, Dieu et l'homme aujourd'hui. 71 Clausse A., TraitĂ© des sciences pĂ©dagogiques ; t. 2. Histoire de la pĂ©dagogie, p. 165. 72 Via lucis, XIV, 7. 73 La pampĂ©die, ΧΙΠ ; Du choix du mode de vie » ; in Cons. II, col. 210. 74 Pans. prod. 109. 75 Ibid., 52. 76 La pampĂ©die, Ht, 22 ; ce conseil est rĂ©pĂ©tĂ© en ΙΠ, 42 ; trad. Unesco. 77 Ibid., IIΙ, 11 ; trad. Unesco. 78 Ibid., IIΙ, 42 ; trad. Unesco. 79 Ibid., IV, 6 ; cf aussi XXIV, 24. 80 V, 9 ; trad. Piobetta. 81 Ibid., V, 14 ; trad. Piobetta. 82 Snyders G., La pĂ©dagogie en France aux xviie et xviiie siĂšcles, Paris, 1965, p. 81. 83 Idem, p. 76. 84 La pampĂ©die, ΙII, 16 ; trad. Unesco. 85 Ibid., IIΙ, 17 ; trad. Unesco. 86 Lab. schol. Patakini obitorum Coronis, in pars ΠΙ, col. 1046 ; en italique dans le texte. 87 DĂ©dicace de La grande didactique, 34. 88 Schola pansophica, in pars ΠΙ, col. 57-58. 89 Ibid., in pars ΠΙ, col. 56 20. 90 DĂ©dicace de La grande didactique, 31. 91 Cf. XXXIII, 18, 19 et DĂ©dicace de La grande didactique 30, 31, 33. 92 CitĂ© par Gusdorf G., Les principes de la pensĂ©e au siĂšcle des lumiĂšres, Paris, 1971, p. 350 E. Faguet. XVIIe siĂšcle, Boivin, p. 446-447. 93 DM. IX, 7 ; trad. de la Bible de JĂ©rusalem. 94 Schimberg A., L'Ă©ducation morale dans les CollĂšges de la Compagnie de JĂ©sus sous l ’ ancien rĂ©gime xvie, xviie, xviiie siĂšcles, Paris, 1913, respectivement p. 54 et p. 56. Cette publication numĂ©rique est issue d’un traitement automatique par reconnaissance optique de caractĂšres. . 567 66 661 662 520 759 703 161

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