Un morceau de culture française. L’acteur français au sommet de son art, dans une tirade mémorable… Extrait du film réalisé par Jean-Paul Rappeneau Cyrano de Bergerac » 1990 Cyrano de Bergerac est la plus célèbre pièce de théâtre d’ Edmond Rostand 1868-1918, inspirée d’un personnage réel, Savinien Cyrano de Bergerac 1619-1655. Cette pièce, qui fait partie des plus célèbres du théâtre Français, a été écrite à Paris en 1897 et jouée pour la première fois le 27 décembre de la même année à Paris, au Théâtre de la Porte-Saint-Martin. Ah ! non ! c’est un peu court, jeune homme ! On pouvait dire… Oh ! Dieu !… bien des choses en somme… En variant le ton, -par exemple, tenez Agressif Moi, monsieur, si j’avais un tel nez, Il faudrait sur-le-champs que je me l’amputasse ! » Amical Mais il doit tremper dans votre tasse Pour boire, faites-vous fabriquer un hanap ! » Descriptif C’est un roc !… c’est un pic !… c’est un cap ! Que dis-je, c’est un cap ?… C’est une péninsule ! » Curieux De quoi sert cette oblongue capsule ? D’écritoire, monsieur, ou de boîtes à ciseaux ? » Gracieux Aimez-vous à ce point les oiseaux Que paternellement vous vous préoccupâtes De tendre ce perchoir à leurs petites pattes ? » Truculent Ca, monsieur, lorsque vous pétunez, La vapeur du tabac vous sort-elle du nez Sans qu’un voisin ne crie au feu de cheminée ? » Prévenant Gardez-vous, votre tête entraînée Par ce poids, de tomber en avant sur le sol ! » Tendre Faites-lui faire un petit parasol De peur que sa couleur au soleil ne se fane ! » Pédant L’animal seul, monsieur, qu’Aristophane Appelle Hippocampelephantocamélos Dut avoir sous le front tant de chair sur tant d’os ! » Cavalier Quoi, l’ami, ce croc est à la mode ? Pour pendre son chapeau, c’est vraiment très commode ! » Emphatique Aucun vent ne peut, nez magistral, T’enrhumer tout entier, excepté le mistral ! » Dramatique C’est la Mer Rouge quand il saigne ! » Admiratif Pour un parfumeur, quelle enseigne ! » Lyrique Est-ce une conque, êtes-vous un triton ? » Naïf Ce monument, quand le visite-t-on ? » Respectueux Souffrez, monsieur, qu’on vous salue, C’est là ce qui s’appelle avoir pignon sur rue ! » Campagnard Hé, ardé ! C’est-y un nez ? Nanain ! C’est queuqu’navet géant ou ben queuqu’melon nain ! » Militaire Pointez contre cavalerie ! » Pratique Voulez-vous le mettre en loterie ? Assurément, monsieur, ce sera le gros lot ! » Enfin parodiant Pyrame en un sanglot Le voilà donc ce nez qui des traits de son maître A détruit l’harmonie ! Il en rougit, le traître ! » – Voilà ce qu’à peu près, mon cher, vous m’auriez dit Si vous aviez un peu de lettres et d’esprit Mais d’esprit, ô le plus lamentable des êtres, Vous n’en eûtes jamais un atome, et de lettres Vous n’avez que les trois qui forment le mot sot ! Eussiez-vous eu, d’ailleurs, l’invention qu’il faut Pour pouvoir là , devant ces nobles galeries, Me servir toutes ces folles plaisanteries, Que vous n’en eussiez pas articulé le quart De la moitié du commencement d’une, car Je me les sers moi-même, avec assez de verve, Mais je ne permets pas qu’un autre me les serve. » Acte 1 Scène IV Navigation de l’articleCest un pic ! C'est un cap ! Que dis-je, c’est un cap ? C'est une péninsule !" Cette célèbre réplique provenant de la pièce de théâtre Cyrano de Bergerac (et faisant référence à son immense appendice nasal) sera-t-elle scandée dans l'adaptation de Joe Wright, sobrement baptisée Cyrano ? Rien n'est moins sûr ! En effet, le cinéaste, qui a Publié le 23/03/2006 à 0600, Mis à jour le 15/10/2007 à 2226 C'EST UN PETIT HOMME, coquet et chauve, qui se hausse vers le ciel. Toutes les femmes sont accrochées à sa moustache. Il a une grâce charmeuse de séducteur tendre, on ne peut le regarder sans l'aimer....C'EST UN PETIT HOMME, coquet et chauve, qui se hausse vers le ciel. Toutes les femmes sont accrochées à sa moustache. Il a une grâce charmeuse de séducteur tendre, on ne peut le regarder sans l'aimer. Même Jules Renard, qui est l'envie incarnée, l'admire pour son élégance et pour sa gentillesse. Il ajoute même, sans hésiter, pour son génie. En 1897, personne ne doutait du génie d'Edmond Rostand. C'est l'année où Cyrano de Bergerac triomphe. Triomphe absolu, grandiose, saisissant, comme on n'en verra plus. Une salle en larmes, mais ce sont des larmes de bonheur, et qui applaudit jusqu'à la déraison. Tout le monde veut le prendre dans ses bras, du saute-ruisseau au président de la République, tout le monde s'écrie, et écrit, qu'il est le plus généreux, le plus héroïque, le plus talentueux de tous les poètes français. D'ailleurs, la France est à ses genoux, et, comme chacun le sait, la France ne se trompe jamais. Cette année-là , Gide écrit Les Nourritures terrestres, Mallarmé signe Un coup de dés jamais n'abolira le hasard, Valéry achève Monsieur Teste et Claudel se débat avec Tête d'or, mais Rostand est au-dessus de tous et de tout. Il a 30 ans, il règne, c'est un héros national. Le débiner, c'est non seulement manquer de goût, mais encore de patriotisme. Personne ne l'ose et d'ailleurs personne n'en a passe comme une comèteA relire son théâtre, que réédite Omnibus, il y a dans cet enthousiasme, qui n'est jamais feint, comme un miracle, mais les miracles, surtout littéraires, ne durent jamais longtemps, ce sont, le plus souvent, des mirages. Rostand passe comme une comète, il brille d'un éclat aveuglant, puis s'éteint. Déja, en 1910, Chanteclerc ne fait plus l'unanimité. Les hommes changent, la guerre s'annonce, et le grand poète vieillit vite. Trop vite ! Il est souffrant, usé, mélancolique, il meurt en 1918, tout un monde bascule et meurt, avec lui. Il n'avait que 50 ans. C'en est fini des vers qui vous entraînent comme de la musique militaire. Nous avons cessé, et pour longtemps, d'être vifs et fringants. Sarah Bernhardt n'a plus qu'une jambe, et le théâtre boite. Reste Cyrano comme une statue érigée sur une place publique. On vient la montrer aux enfants des écoles. Pas seulement à eux,à toutes les âmes vaillantes qui croient encore que les rimes doivent chanter comme les cigarières de si tort ? Le premier acte de Cyrano, comme le second, sont des merveilles d'allégresse, le troisième n'est que charme, le quatrième s'épuise un peu, le cinquième nous endort. Qu'importe ! Au théâtre, comme en amour, ce sont les commencements qui comptent et Rostand a le génie des commencements, mais aussi de la tirade qu'à peine entendue on sait déjà par coeur. Un rimeur acrobatique, souple et nerveuxC'est un parolier qui crée lui-même sa musique. Parfois, il s'enfle trop, jusqu'au ridicule, tel le coq de Chantecler, parfois, il a des moments d'émotion adolescente qui nous emportent, le plus souvent, c'est un rimeur acrobatique, aussi souple et nerveux que Valentin le désossé, qui nous prend à témoin de sa virtuosité. Même dans ses pièces les moins fortes, disons les plus faibles, La Samaritaine, L'Aiglon, La Dernière Nuit de Don Juan, il donne de vrais instants de plaisir, et ce sont des plaisirs qui ne se refusent pas. Certes, il n'y a pas, ou presque, de caractère, mais, à défaut de caractère, on a un mythe. Comme Hamlet ou Dom Juan, Cyrano donne à rêver. Il nous est personnel. Et puis les comédiens, de Coquelin à Jacques Weber, sans compter Jean Piat, Jean Marais ou Daniel Sorano, se sont toujours battus pour s'emparer du rôle. C'est le plus long du répertoire, le plus épuisant et le plus flatteur. A peine êtes vous entré en scène qu'il vous monte en épingle. Tant qu'il y aura des comédiens, on jouera Cyrano. C'est ainsi, qu'au théâtre, on passe à la postérité !Pierre Marcabru Cyranode Bergerac, héros au grand nez et au coeur d’enfant, bretteur et poète, amoureux ingénu, est un personnage universel; c’est l’expression la plus accomplie du panache à la française. Panache que l’on retrouve dans le texte, brillant, coloré, lyrique, riche de formules et d’images d’Edmond Rostand. Héritier du Lorenzaccio de Musset, et Publié le 13/10/2010 à 0h00 Tout d'abord, j'adore le conte. Et cela représente la ville où je vis. C'est l'attraction de Bergerac. L'histoire est belle. Je connais un peu la fameuse tirade du nez… C'est un roc ! C'est un pic !… C'est un cap ! Que dis-je, c'est un cap ? C'est une péninsule ! C'est très stylé, humoristique. Dans le verbe, c'est vraiment bien tourné. En plus, cela correspond assez à mon style d'humour, c'est très théâtral. » C’est un roc ! c’est un pic c’est un cap ! Que dis-je, c’est un cap? c’est une péninsule! » Préambule . Cyrano de Bergerac s’invite “rue des vignes”, là où se trouvait le château de Boulainvilliers, au sommet de la colline de Passy là où, désormais, depuis 1900, Le théâtre Ranelagh, salon de musique
EtCyrano de Bergerac c'est bien sûr l'incontournable tirade du nez : magnifique, drôle, subtile, superbe leçon d'autodérision. Mais aussi, pour Edmond Rostand le moyen d'introduire le théâtre dans le théâtre et ainsi de reprendre un topos de la littérature. Cette tirade du nez, où Cyrano varie les genres et de fait, son vocabulaire et sa syntaxe, est