Une liaison passionnelle et rocambolesque, digne des plus grandes romances du septiĂšme art. Dans le rĂŽle de lâactrice qui fait chavirer les cĆurs Etchika Choureau, lâĂ©toile montante du cinĂ©ma français. RĂ©vĂ©lĂ©e en 1953 par le rĂ©alisateur italien Michelangelo Antonioni, cette blonde incendiaire aux yeux vert Ă©meraude enchaĂźne les tournages et les couvertures de magazine. Dans le rĂŽle de lâamoureux transi Moulay Hassan, un jeune prince fougueux, connu du grand public français et destinĂ© Ă devenir roi du Maroc. Tout les sĂ©pare ou presque. Etchika Choureau, nĂ©e Jeannine Paulette Verret, Ă Paris en 1929, est française, chrĂ©tienne et divorcĂ©e de Max Choureau, un apiculteur. Le prince Moulay Hassan est marocain, musulman et son pays, qui lutte depuis des annĂ©es contre la prĂ©sence coloniale française, est en train de nĂ©gocier Ăąprement son indĂ©pendance. On dit que lâamour ne prĂ©vient pas. Alors que Moulay Hassan est Ă Cannes pour une ablation des amygdales en 1956, il rencontre la fringante Etchika au cours de sa convalescence. TrĂšs vite, il tombe sous le charme de celle que les critiques qualifient dĂ©jĂ de ânouvelle Danielle Delormeâ, une autre actrice française cĂ©lĂšbre. Les deux amants se voient chaque jour et sillonnent La Croisette Ă bord de la Chevrolet dĂ©capotable du prince, au grand dam des paparazzis qui ne parviennent pas Ă les prendre en photo ensemble. Quelques mois plus tard, les deux tourtereaux sont rattrapĂ©s par la rĂ©alitĂ©. Le Maroc vient dâobtenir son indĂ©pendance et le prince hĂ©ritier se doit dâĂȘtre aux cĂŽtĂ©s de son pĂšre pour lâaider Ă gouverner un pays oĂč tout reste Ă faire. Le feu de la passion âChaque nuit, ils se racontaient des banalitĂ©s entrecoupĂ©es de je tâadore par-ci et de je tâaime par-lĂ âMidhat Bourequat Lâidylle ne prend pas fin, bien au contraire. Les sentiments des deux amants ne font que croĂźtre avec la distance. MalgrĂ© ses responsabilitĂ©s, Moulay Hassan parvient toujours Ă se libĂ©rer pour sa dulcinĂ©e. Quand ce nâest pas une escapade de deux ou trois jours auprĂšs dâelle, ils passent dâinterminables heures au tĂ©lĂ©phone. âChaque nuit, ils se racontaient des banalitĂ©s entrecoupĂ©es de je tâadore par-ci et de je tâaime par-lĂ â, se souvient Midhat Bourequat, chargĂ© Ă lâĂ©poque de sĂ©curiser toutes les communications de la famille royale. Au palais, le prince hĂ©ritier ne cache rien de son histoire dâamour, tout le monde est au courant. Il donne mĂȘme des consignes officielles Ă lâambassade du Maroc Ă Paris. âMoulay Hassan Ă©tait raide dingue dâelleâUne ancienne secrĂ©taire de lâambassade En cas de besoin, Etchika Choureau doit ĂȘtre reçue Ă tout moment et disposer dâun service diplomatique. Toutes les semaines, le prince y fait Ă©galement livrer des pĂątisseries marocaines, des bijoux traditionnels ou encore des objets de dĂ©coration artisanale. âIl Ă©tait raide dingue dâelleâ, confie une ancienne secrĂ©taire de lâambassade. Seule ombre au tableau, Mohammed V ne voit pas dâun trĂšs bon Ćil les badinages de son fils avec une starlette française, qui plus est divorcĂ©e. En France, oĂč la romance entre Etchika Choureau et le âprince orientalâ suscite lâengouement, la presse people spĂ©cule sur lâavenir de cette relation. En dĂ©cembre 1957, le magazine Noir et Blanc, aujourdâhui disparu, titre en Une âLe prince hĂ©ritier du Maroc va-t-il renoncer au trĂŽne pour une Française ?â âLa tradition alaouite et le protocole du palais exigent quâun prince Ă©pouse une Marocaine. Un mariage avec une EuropĂ©enne Ă©tait impensableâMidhat Bourequat La mĂȘme question taraude les esprits de la famille royale, dont certains membres interrogent le souverain sur lâĂ©ventualitĂ© dâun mariage entre lâactrice et le prince. âLa tradition alaouite et le protocole du palais exigent quâun prince Ă©pouse une Marocaine. Un mariage avec une EuropĂ©enne Ă©tait impensableâ, commente Midhat Bourequat. Moulay Hassan fait fi du protocole, il se dit moderne, Ă©voluĂ© et francophile. NâĂ©tant pas Ă un paradoxe prĂšs, il nâhĂ©site dâailleurs pas Ă faire poser sa belle parisienne en tenue traditionnelle zayane, une tribu berbĂšre du Moyen-Atlas. Des clichĂ©s qui seront publiĂ©s dans CinĂ© Revue, un magazine belge, en avril 1958. Pendant quâil est occupĂ© Ă mater violemment la rĂ©volte du Rif, Etchika Choureau tente de redonner une impulsion Ă sa carriĂšre, quâelle a mise entre parenthĂšses depuis un an. Elle dĂ©barque Ă Hollywood en 1958 pour tourner Les commandos passent Ă lâattaque et Câest la guerre Lafayette Escadrille, sous la direction de William A. Wellman. Les deux films font un flop au box-office. Lâactrice dĂ©cide dâabandonner le cinĂ©ma et sâinstalle Ă Rabat pour se rapprocher de son prince. Premier pas Ă la cour Sur place, Etchika Choureau est installĂ©e dans une villa cossue du quartier Souissi avec gardes, chauffeurs et domestiques. Entre les deux tourtereaux, lâamour est au beau fixe. En plus des dĂźners aux chandelles et des week-ends Ă Skhirat, Moulay Hassan nâa de cesse de couvrir sa bien-aimĂ©e de bijoux et des derniĂšres crĂ©ations de la maison Dior. Et si le couple privilĂ©gie lâintimitĂ©, le prince fait tout pour que sa compagne se sente Ă lâaise en sociĂ©tĂ©. âElle Ă©tait traitĂ©e comme une princesse et lâentourage du prince la considĂ©rait avec beaucoup de respectâ, confirme Midhat Bourequat. Au sein de la capitale, lâex-actrice se crĂ©e une nouvelle vie. Elle se lie dâamitiĂ© avec bon nombre de personnalitĂ©s françaises rĂ©sidentes au Maroc qui appartiennent, pour la plupart, au milieu des arts et de la culture. Des amis quâelle finit par rencontrer chaque jour au âClubâ, un prestigieux bar-restaurant de la ville. Quand son prince est trop absorbĂ© par les affaires du royaume, Etchika Choureau en profite pour voyager Ă Marrakech, une ville quâelle apprĂ©cie beaucoup, et Paris, oĂč elle frĂ©quente encore le milieu du show-business. Toutes les factures sont envoyĂ©es Ă son petit ami, sur insistance de ce dernier. Et si certains lui prĂȘtent une image de croqueuse de diamants, dâautres en revanche estiment que câĂ©tait une femme digne, qui ne sâintĂ©ressait guĂšre au titre et Ă la fortune. DâaprĂšs Midhat Bourequat et son frĂšre Ali, dont la famille Ă©tait proche du sĂ©rail, la relation des deux amants a aussi connu quelques anicroches, souvent dues au goĂ»t prononcĂ© du prince pour la gent fĂ©minine. Des infidĂ©litĂ©s sans importance selon Moulay Hassan, qui avait lâhabitude de dire âEtchika, câest Etchikaâ. Mohammed V aurait intimĂ© Ă son fils de choisir entre sa jeune conquĂȘte ou le trĂŽne Selon Ignace Dalle, lâauteur de la biographie Hassan II entre tradition et absolutisme, au milieu de lâannĂ©e 1960, Etchika Choureau serait tombĂ©e enceinte et âsâimaginait dĂ©jĂ reine du Marocâ. ExcĂ©dĂ© par cette relation qui va trop loin, Mohammed V aurait alors intimĂ© Ă son fils de choisir entre sa jeune conquĂȘte ou le trĂŽne. Il le menace mĂȘme de le destituer de son rang de prince hĂ©ritier. Quand le prince devient roi Quelques mois plus tard, en fĂ©vrier 1961, Mohammed V meurt des suites dâune opĂ©ration chirurgicale bĂ©nigne. Un dĂ©cĂšs qui marque dĂ©finitivement la fin de la romance pour les deux amants. Au moment du drame, Etchika Choureau est Ă Paris. Lorsquâelle apprend la nouvelle, elle tente de joindre Moulay Hassan, en vain. De lâautre cĂŽtĂ© de la MĂ©diterranĂ©e, le prince doit maintenant assumer ses responsabilitĂ©s, les funĂ©railles de son pĂšre dâabord, et la prise du pouvoir ensuite. Et la tradition alaouite ne permettant pas Ă un roi dâĂȘtre cĂ©libataire, en parallĂšle des obsĂšques, le futur Hassan II Ă©pouse Lalla Latifa. MalgrĂ© la distance, Etchika Choureau est au courant de tout. Quatre jours aprĂšs la disparition de Mohammed V, elle arrive enfin Ă contacter son amant. Déçue, le cĆur brisĂ©, Etchika jure de ne plus jamais lui adresser la parole. Pour lutter contre le chagrin dâamour, elle rĂ©cupĂšre ses affaires Ă Rabat et se rĂ©installe Ă Paris oĂč elle reprend le chemin des plateaux de tournage. En 1962, elle dĂ©croche le premier rĂŽle dâun film intitulĂ© La prostitution, rĂ©alisĂ© par Maurice Boutel. Elle y incarne une provinciale qui dĂ©barque par amour Ă Paris et se retrouve finalement contrainte de vendre son corps. Elle joue ensuite dans AngĂ©lique marquise des anges de Bernard Borderie, en 1964, puis dans Paris au mois dâaoĂ»t de Pierre Granier-Deferre, en 1968. Le premier connaĂźt un succĂšs mitigĂ© tandis que le second est un vĂ©ritable bide. Cruel, le monde du cinĂ©ma nâattend jamais personne et dĂ©jĂ de nombreuses autres actrices tiennent le haut de lâaffiche. En revanche, sa brouille avec Hassan II ne dure pas trĂšs longtemps. Afin de justifier son rĂ©cent mariage, le jeune roi invoque lâobligation de se plier au protocole. âLorsquâil Ă©tait encore prince, Hassan II se disait Ă©voluĂ© et monogame. Pourtant, dĂšs la mort de son pĂšre, plusieurs femmes destinĂ©es au harem sont entrĂ©es au palaisâAli Bourequat Selon les frĂšres Bourequat, Hassan II nâaurait jamais pris le risque dâĂ©pouser Etchika Choureau, tant il Ă©tait respectueux des coutumes makhzĂ©niennes et impatient de dĂ©tenir le pouvoir. âHassan II Ă©tait paradoxal. Lorsquâil Ă©tait encore prince, il se disait Ă©voluĂ© et monogame. Pourtant, dĂšs la mort de son pĂšre, plusieurs femmes destinĂ©es au harem, dont des jeunes femmes issues des tribus zayane, sont entrĂ©es au palaisâ, raconte Ali Bourequat, dans une interview postĂ©e sur YouTube en juillet 2013. Cela nâempĂȘchera pas lâamour des deux protagonistes de se muer en amitiĂ©. DâaprĂšs les frĂšres Bourequat, Etchika Choureau dispose dâune certaine influence sur le monarque. Elle est au courant de tout ce quâil se passe au sein du palais et connaĂźt toutes les femmes du roi. Plusieurs rumeurs insinuent Ă©galement que la jolie blonde aurait Ă©tĂ© mĂȘlĂ©e Ă la disparition de Mehdi Ben Barka, en 1965. Son domicile parisien aurait servi de centre opĂ©rationnel pour les ravisseurs du leader socialiste, notamment les gĂ©nĂ©raux Mohamed Oufkir et Ahmed Dlimi. En 2004, au moment oĂč la France annonce son intention de lever le secret dĂ©fense sur les documents liĂ©s Ă cette affaire, Etchika Choureau est entendue par le juge en charge du dossier. Ă la grande surprise de ce dernier, elle lui prĂ©sente le passeport dâOufkir. Selon elle, il lâaurait oubliĂ© un jour oĂč il Ă©tait venu lui transmettre un message de Hassan II. Câest tout ce qui filtrera Ă lâĂ©poque de cette audition, Ă la suite de laquelle elle ne sera plus jamais inquiĂ©tĂ©e. Ăchanges de bons procĂ©dĂ©s Ă partir de 1966, Etchika Choureau met un terme dĂ©finitif Ă sa carriĂšre dâactrice. Elle sâĂ©loigne alors du tumulte mĂ©diatique et mĂšne une vie de jeune retraitĂ©e entre Paris, Rabat, Marrakech et ses multiples maisons de campagne. RĂ©conciliĂ©e avec Hassan II, lâex-star voit les portes du palais sâouvrir Ă elle et frĂ©quente les membres de la famille royale. Deux ans plus tard, un nouvel homme entre dans sa vie. Il sâagit de Philippe Rheims, un commissaire-priseur richissime, extrĂȘmement reconnu en France. Etchika Choureau prĂ©sente son nouvel Ă©poux Ă Hassan II, qui se lie rapidement dâamitiĂ© avec lui. Ă cette Ă©poque, le souverain fait construire plusieurs palais et rĂ©sidences secondaires Ă travers tout le Maroc et il a justement besoin dâun dĂ©corateur dâintĂ©rieur. Son choix se porte naturellement sur Philippe Rheims, dont la salle aux enchĂšres contient des Ćuvres dâart trĂšs rares. Lorsque les Rheims se rendent au royaume, notamment pour les fĂȘtes de NoĂ«l et les vacances dâĂ©tĂ©, ils sont accueillis avec faste. Ils ont toujours droit Ă la plus belle suite de LâAmphitrite Ă Skhirat ou de La Mamounia, Ă Marrakech. Tout cela, Ă©videmment, aux frais du palais. âPersonne ne devait contrarier les Rheims et, Ă leur tour, ces derniers ne se mĂȘlaient jamais de ce qui ne les regardait pasâMidhat Bourequat Etchika Choureau et Philippe Rheims sont considĂ©rĂ©s comme des membres de la famille royale Ă part entiĂšre. Quand le roi se rend Ă Skhirat en famille et que les Rheims sây trouvent Ă©galement, il envoie systĂ©matiquement les princes et les princesses leur dire bonjour. Philippe Rheims a mĂȘme le privilĂšge de jouer de longues parties de golf avec Hassan II. âPersonne ne devait contrarier les Rheims et, Ă leur tour, ces derniers ne se mĂȘlaient jamais de ce qui ne les regardait pasâ, prĂ©cise Midhat Bourequat. ExceptĂ© ce jour de 1973, quand Philippe Rheims transmet au roi un message de la part des frĂšres Bourequat au cours dâune partie de golf. Le gĂ©nĂ©ral Dlimi, Ă la tĂȘte des services de sĂ©curitĂ© marocains, serait en train de prĂ©parer un complot dans le but de renverser Hassan II. AussitĂŽt aprĂšs ces rĂ©vĂ©lations, la partie de golf est Ă©courtĂ©e. Quelque temps plus tard, Ahmed Dlimi en personne fait comprendre Ă Philippe Rheims quâil nâest plus le bienvenu au Maroc. Une interdiction de territoire qui ne va pas durer. TrĂšs rapidement, le couple français est Ă nouveau accueilli Ă bras ouverts au royaume tandis quâen France, les Rheims invitent Ă leur table les notables ainsi que les plus grands commis de lâEtat marocain, notamment Moulay Ali Alaoui, cousin de Hassan II et ambassadeur Ă Paris. Khalti Etchika Aujourdâhui encore, Etchika Choureau continue Ă figurer parmi les invitĂ©s de marque du palais Etchika Choureau conservera des relations amicales avec Hassan II jusquâĂ la mort du souverain. Avec lâaccession au trĂŽne de Mohammed VI, elle continue Ă figurer parmi les invitĂ©s de marque du royaume. âElle Ă©tait parvenue Ă gagner la confiance et la considĂ©ration de Hassan II. Il lâavait introduite Ă la cour, imposĂ©e comme un membre de la famille. Une fois quâon a passĂ© cette Ă©tape, on revient rarement en arriĂšreâ, assure une proche de la cour. En 2013, par exemple, Etchika Choureau faisait partie des convives du roi et de son Ă©pouse, Lalla Salma, Ă lâoccasion du rĂ©veillon du Nouvel An. En dehors des invitations royales, lâancienne actrice, aujourdâhui ĂągĂ©e de 85 ans, aime passer lâhiver dans les palaces de Marrakech, loin de la grisaille parisienne et de la solitude des maisons de campagne. Elle tient Ă©galement Ă transmettre son amour du Maroc Ă ses petits-enfants. Ses proches la surnomment âSa MajestĂ©â ou la âGrande Dameâ, mais jamais personne ne se hasarde Ă lâinterroger sur son histoire dâamour avec le dĂ©funt monarque. âElle ne parle pas. Ni de Hassan II ni du Marocâ, affirme Ali Bourequat, qui poursuit âMĂȘme si elle sait beaucoup de choses, pour elle Sidi, câest Sidi.â Les maisons dâĂ©dition qui lui ont proposĂ© de publier ses mĂ©moires ont toutes essuyĂ© un refus. Etchika Choureau a fait son choix. Celui de se murer dans le silence et de conserver prĂ©cieusement tous ses secrets. Presse. Etchika et Moulay Hassan en Une Lâhebdomadaire français Noir et Blanc a consacrĂ© sa couverture au couple et relate leur rencontre sur un ton trĂšs romancĂ©. En dĂ©cembre 1957, le magazine Noir et Blanc consacre une couverture Ă lâidylle de lâactrice et du prince hĂ©ritier. Lâarticle, intitulĂ© âLe prince hĂ©ritier du Maroc va-t-il renoncer au trĂŽne pour Etchika Choureau ?â, aborde finalement peu la question et brode sur la rencontre des deux amants dans un style trĂšs romancĂ©. Selon lâhebdomadaire, dĂšs quâil fait la connaissance dâEtchika, Moulay Hassan âapprĂ©cie immĂ©diatement sa simplicitĂ© et une vraie gentillesse auxquelles dâautres jeunes actrices ne lâavaient pas accoutumĂ©, lorsquâil les avait approchĂ©es. Elle se montra spontanĂ©e et gaie, trĂšs naturelle. Comme Ă un vieux camarade, elle lui raconta comment elle Ă©tait parvenue Ă sa jeune gloire dâactrice. Elle parla de son enfance dans le Loiret natalâ. La starlette Ă©voque Ă©galement, toujours selon Noir et Blanc, ses Ă©tudes dans une Ă©cole de massage mĂ©dical puis son travail de âvendeuse de miel au pays du GĂątinaisâ. MariĂ©e Ă un apiculteur en 1953, la belle a ouvert une boutique de miel Ă Paris avant de suivre les cours de comĂ©die de RenĂ©e Simon. Câest Ă ce moment-lĂ quââAlain Cuny un acteur français la dĂ©couvrit et bientĂŽt, les spectateurs virent Ă lâĂ©cran ⊠la silhouette fragile et le regard romantique de cette jeune premiĂšreâ. Devenue une star, Etchika Choureau quitte son mari. Moulay Hassan, de son cĂŽtĂ©, lui raconte comment il a passĂ© son enfance entre âĂ©tudes de droit, initiation aux sciences politiques et prĂ©paration Ă la redoutable charge de prince hĂ©ritier â, rapporte lâhebdomadaire, qui nâhĂ©site pas Ă recrĂ©er le dialogue entre les deux tourtereaux en faisant parler le prince hĂ©ritier Ă la premiĂšre personne. âElevĂ© Ă lâoccidentale, Moulay Hassan sâadonnait Ă de nombreux sports le tennis, le ping-pong, la natation et lâĂ©quitationâ, dĂ©crit le journaliste, qui poursuit âEntre le prince musulman tournĂ© vers le monde moderne et lâex-vendeuse de miel, lâamour vint tout doucement nouer des liens solides.â Une relation si forte, que la revue conclut son article par cette supputation âMoulay Hassan est tellement Ă©pris de la sĂ©duisante vedette quâil envisagerait de renoncer Ă ses prĂ©rogatives.â CâĂ©tait mal connaĂźtre le futur roi. Glaoui-Aubry. Lâactrice et le prince oriental, lâautre histoire Une autre Française trĂšs cĂ©lĂšbre a succombĂ© au charme dâun Marocain puissant. Il sâagit de CĂ©cile Aubry, une actrice, scĂ©nariste et rĂ©alisatrice française nĂ©e en 1928. Elle fait ses dĂ©buts en tant que comĂ©dienne dans Manon, un film dâHenri-Georges Clouzot 1949. GrĂące Ă ce rĂŽle, elle devient le nouvel espoir du cinĂ©ma français et signe un contrat avec la 20th Century Fox. En 1950, elle se rend dans lâAtlas marocain pour tourner La Rose noire, rĂ©alisĂ© par Henry Hathaway. Câest lĂ quâelle rencontre Si Brahim El Glaoui qui nâest autre que le fils du pacha de Marrakech, Thami El Glaoui. Les deux amants se marient trĂšs vite et dans la plus grande discrĂ©tion. De leur union naĂźt un fils, Mehdi. En 1956, CĂ©cile Aubry et Si Brahim El Glaoui mettent fin Ă leur mariage. MalgrĂ© cette sĂ©paration, lâactrice reste trĂšs discrĂšte sur cette histoire. Lâune de ses rares dĂ©clarations sera la suivante âJâai vĂ©cu dans une espĂšce de clandestinitĂ©, sans me montrer. Je mentais Ă tout le monde, câĂ©tait trĂšs Ă©prouvant.â Alors quâelle peine Ă dĂ©crocher un premier rĂŽle, CĂ©cile Aubry, dĂ©sormais cĂ©libataire, se consacre Ă lâĂ©criture de scĂ©nario. Ă partir de 1965, elle Ă©crit et rĂ©alise la mythique sĂ©rie tĂ©lĂ©visĂ©e Belle et SĂ©bastien, dans laquelle son fils incarne le rĂŽle principal. Article publiĂ© dans le numĂ©ro 608 de TelQuel datant du 21 fĂ©vrier 2014.Iltenta de changer d'expression et se. Accueil Rechercher S'enregistrer Connexion Le deal Ă ne pas rater : Cartes PokĂ©mon Japon : le display PokĂ©mon Go de retour en stock sur Voir le deal Horses of legend :: Accueil :: Archives :: Archive des histoires :: Ăre des DĂ©mons : De la jeunesse que diable ! (libre) Aller Ă la fin ï»żBon, les filles, il faut quâon parle. Nous Ă©tions en train de feuilleter les albums photos de nos grands-parents qui datent des annĂ©es 1950 et 1960, et nous avons bien vu que les styles » ont changĂ©. Mais nous ne sommes pas sĂ»rs dâĂ©voluer dans le bon sens⊠Alors, lĂąchez vos Stan Smith, vos leggings et autres ballerines pour revenir aux basiques ».Ă voir aussiDe la classe moyenne Ă la petite bourgeoisie, les femmes des annĂ©es 1950 Ă 1960 Ă©taient extraordinairement stylĂ©es. Bien que la haute couture ne soit pas aisĂ©ment accessible on le conçoit, il faut admettre quâil y avait de la classe. Les gars, vous ne payez rien pour attendreâŠVoici 25 photos qui prouvent que les femmes avaient de la classe et une prestance inĂ©galĂ©e, dans les annĂ©es 1950 et 1960 1. Sereine, avec sa tasse Teatime Nina Leen 2. Quand on court Ă un rendez-vous Nina Leen 3. Pourquoi utiliser un gobelet ? C'est so 2016 ! pinterest 4. Elles osaient ! Et Ă l'Ă©poque, ça ne choquait personne... Nina Leen 5. AprĂšs-midi brushing, Ă Velib Nina Leen 6. OKLM pinterest 7. Une petite envie de lecture⊠en toute simplicitĂ© Nina Leen 8. Poseeeeeeey Nina Leen 9. Des serviettes ? Pas besoin de serviettes ! Nina Leen 10. Le maillot bain une piĂšce, si iconique Ă l'Ă©poque Nina Leen 11. "Ouah comment ça te va super bien !" Nina Leen 12. C'Ă©tait un dĂ©filĂ© de mode tous les jours, mĂȘme aux guichets ! Nina Leen 13. Mais non, je nâavais pas bu ! Elles Ă©taient trois, magnifiquement identiques ! » Nina Leen 14. MĂȘme quand il ne pleut pas, le parapluie est un accessoire de mode Nina Leen 15. Salopette Nina Leen 16. Ben quoi ? Oui, c'est comme ça que je lis. OKLM, comme disent les jeunes » Nina Leen 17. RĂ©union trĂšs sĂ©rieuse, trĂšs organisĂ©e, trĂšs prĂ©parĂ©e⊠et trĂšs classe Nina Leen 18. Petit brunch dans le jardin Nina Leen 19. Câest moi quâelle regarde ? Nina Leen 20. Devine qui je suis ? Nina Leen 21. On osait le maquillage farfelu Ă la Twiggy dans les annĂ©es 60 Nina Leen 22. Bonheur fanĂ©, cheveux au vent, baisĂ©s volĂ©s⊠» Nina Leen 23. Un parapluie assorti au bĂ©ret ? Quelle bonne idĂ©e ! Nina Leen 24. La mariniĂšre, y a que ça de vrai ! N'est-ce pas Jean Paul ? Nina Leen 25. Audrey Hepburn, la classe, tĂȘte de proue de la mode des annĂ©es 50 Nina Leen Avouez que vous auriez voulu vivre Ă cette Ă©poque !
Ethabituellement, lorsque je les revois un ou deux mois aprÚs, soit les choses se sont enclenchées, malheureusement, vers un début d'anorexie, soit les parents, une fois sur deux, annulent le rendez-vous: ils appellent en disant qu'ils me remercient parce qu'en fait, cela va beaucoup mieux, c'est réglé, ou ils viennent pour s'entendre dire que tout va bien, on se
Tout dâabord, je les ai trouvĂ©s affreusement blancs, et pour tout dire dâun blanc crasseux. Pourtant, câest sĂ»r, ils sâĂ©taient lavĂ© la figure au moins trois fois avant de me rencontrer. Ce sont des malades de lâhygiĂšne corporelle. Douche tous les soirs, bains les jours sans Ă©cole, brossage de dents au moins deux fois par jour â trois fois si je dĂ©jeune sous leur nez â, Ă©galisation des ongles de pieds et de mains, et jâen passe. Mais le blanc de leur visage nâĂ©tait pas aussi immaculĂ© que la robe de sĆur Marie-de-la-CharitĂ©, par exemple. Ils Ă©taient dâun blanc multicolore blanc rosĂ© sur les joues, blanc bleutĂ© sous les yeux, blanc grisĂątre sur son menton Ă lui, blanc verdĂątre sur ses paupiĂšres Ă elle. Blancs dâangoisse. Jâavais sous les yeux deux Blancs blancs de peur. Je ne sais pas si câĂ©tait pour mâassortir Ă eux, mais sĆur Marie-de-la-CharitĂ© mâavait habillĂ©e dâune trĂšs jolie robe blanche en batiste â je me demande encore oĂč elle avait dĂ©gotĂ© ce magnifique exemple de tenue endimanchĂ©e pour petite fille sage et pourquoi je nâavais encore vu aucune dâentre nous habillĂ©e comme ça â dâordinaire, nous portions des guenilles marronnasses. Malheureusement, je nâai pas pu emporter ma jolie robe de dentelle blanche dans ma nouvelle vie et pour tout dire, je ne lâai pas portĂ©e trĂšs longtemps, deux heures maximum. La rencontre a eu lieu dans le parloir», la seule piĂšce de la maison qui donnait sur lâunique arbre â comme nous lâappelions alors quâil sâagissait tout au plus dâun arbrisseau rabougri â dont sâenorgueillissait notre courette poussiĂ©reuse et dĂ©solĂ©e. Ă la fois curieuse et pleine dâapprĂ©hension, je me tenais dans un coin, droite comme un i, les mains derriĂšre le dos, les pieds bien joints, comme me lâavait conseillĂ© sĆur Marie-de-la-CharitĂ©. Il sâagit, mâavait-elle rĂ©pĂ©tĂ© toute la semaine, de faire bonne impression, ta vie dĂ©pend de cette rencontre.» Quel fardeau, me dis-je aujourdâhui, pesait sur les frĂȘles Ă©paules dâune fillette de sept ans, malingre, pouilleuse, noire et ignorante. AprĂšs quelques interminables minutes sans Ă©vĂ©nement notable, ils ont dĂ©collĂ© de leur coin Ă eux, tout prĂšs de la porte que sĆur Marie-de-la-CharitĂ© avait doucement refermĂ©e en me lançant un petit signe dâencouragement. Leurs premiers mouvements mâont fait ouvrir de grands yeux perplexes et mâont alarmĂ©e impossible en lâĂ©tat de dire si je leur avais fait bonne impression, mais je peux certifier que, Ă moi, ils ont fait dâemblĂ©e une trĂšs mauvaise impression, car lui sâest soudain mis Ă quatre pattes et Ă ramper dans ma direction et elle Ă sortir de son sac des machins impossibles Ă identifier et quâelle me tendait en faisant des bruits bizarres avec sa bouche â un peu comme chez nous on appelle les poules pour quâelles viennent picorer. Ils se sont retrouvĂ©s assis sur leurs talons Ă un mĂštre de moi et Ă grand renfort de gestes, mâont dit papamamacristel». Les machins se sont rĂ©vĂ©lĂ©s ĂȘtre des objets qui mâĂ©taient pour la plupart inconnus Ă lâĂ©poque mais dont certains ressemblaient Ă des bĂ©bĂ©s. Il ne sâest pas passĂ© grand chose dâautre ce jour-lĂ . Quand ils sont repartis, elle pleurait et lui la tenait par les Ă©paules. Ma nouvelle vie ne commençait pas sous les meilleurs auspices. Le lendemain, sĆur Marie-de-la-CharitĂ© mâa obligĂ©e Ă mettre de nouveaux vĂȘtements qui ne me plaisaient pas du tout il y avait une jupe plissĂ©e qui me serrait Ă la taille mais me descendait jusquâaux chevilles â je ne comprends toujours pas comment une jupe pouvait ĂȘtre Ă la fois trop serrĂ©e et trop longue â puis un corsage rouge boutonnĂ© jusquâau cou et qui mâĂ©tranglait. Mais le pire, câĂ©tait les chaussures. Je nâen avais jamais mis, pour ainsi dire jamais vu si ce nâest les espĂšces de savates que portaient les sĆurs. Jâai appris plus tard que les miennes sâappellent des chaussures vernies », elles Ă©taient jolies â jâadorais tout ce qui brillait â mais elles me faisaient horriblement mal aux pieds. Une torture inĂ©dite, mais non moins pĂ©nible. La veille, on mâavait mis une espĂšce de fichu sur la tĂȘte en mâexpliquant quâil valait mieux cacher mes cheveux tondus. Ceux-ci nâavaient pas poussĂ© pendant la nuit, pourtant, je suis allĂ©e Ă mon deuxiĂšme rendez-vous tĂȘte nue. Il aurait Ă©tĂ© prĂ©fĂ©rable quâil en soit autrement, bien sĂ»r, encore une de ces petites dĂ©ceptions Ă©vitables si les adultes rĂ©flĂ©chissaient un peu. Car cette fois-ci, ils avaient emportĂ© plein de petites boules de toutes les couleurs quâils ont malgrĂ© tout sortis de leur sac. Je ne voyais pas du tout ce que jâĂ©tais censĂ©e faire avec et, Ă tout hasard, je les rĂ©unissais en petits tas que je faisais et dĂ©faisais. Passionnant. Ce nâest que bien plus tard, quand enfin mes cheveux ont Ă©tĂ© assez longs, que jâai compris Ă quoi servaient les jolies boules multicolores Ă pendre au bout de mes petites tresses et Ă faire de la musique quand je secouais la tĂȘte. Cela a dĂ» la frustrer car Ă lâĂ©poque il nây avait pas lâombre dâune chance de faire ne serait-ce quâune minuscule tressette. Nous allions ainsi de dĂ©ception en dĂ©ception, je ne comprenais toujours pas ce que signifiait ce papamamacristel» que jâentendais Ă tout bout de champ. Sans doute ont-ils pensĂ© que jâĂ©tais sourde et muette ou idiote ou tout ça en mĂȘme temps ; je nâouvrais pas la bouche, ne souriais pas mais observais intensĂ©ment ces drĂŽles de Blancs de plus en plus blancs avec qui jâallais vivre ma nouvelle vie. Un jour, contre toute attente et de façon tout Ă fait absurde et incomprĂ©hensible, je me suis retrouvĂ©e dans leurs bras. On formait une espĂšce dâamas de chiffons mouillĂ©s jetĂ©s par terre au milieu du parloir. Extrait de La Vie en noir et blanc» in DĂ©liens, recueil de nouvelles en recherche dâĂ©diteur Partager . 251 83 300 504 390 495 708 542